Le sud de la Guyane est parsemé d’inselbergs, des îles granitiques difficiles d’accès qui émergent de la forêt équatoriale. Sur l’un d’eux a été découvert il y a 20 ans de mystérieuses peintures rupestres, qui n’ont plus été étudiées depuis cette époque. Une mission du Parc amazonien de Guyane est revenue sur cette montagne en novembre dernier, avec une équipe de naturalistes et d’archéologues. Reportage.

La roche du pilote Susky

« À l’époque, pas de GPS, je me repérais aux reliefs et aux inselbergs ! », lancait François Susky, qui fêtait le jour même ses 91 ans. Ce personnage hors norme, qui fut le doyen des pilotes de Guyane, était autant reconnu pour son talent que pour ses frasques de tête brulée. Pratiquer le rase-motte au-dessus de la canopée, laver ses roues dans le fleuve Maroni, réaliser d’effrayants piqués, voilà le genre d’expérience que vivaient ses passagers. « De tous ceux que j’ai survolé, cet inselberg est le plus beau », affirmait-t-il en évoquant la montagne granitique. Située dans l’extrême sud-ouest guyanais, non loin de la zone de trijonction entre la Guyane, le Suriname et le Brésil, « elle a cette forme singulière, comme un maïpouri couché ». François Susky, comme aimanté par la montagne, décida alors en 1995 d’organiser une expédition vers l’inselberg depuis Maripasoula, le bourg situé à 150 km au nord à vol d’oiseau. Susky emmènera dans ce voyage sa fille, et plusieurs habitants wayana d’Antecume Pata, Mimisiku, Aliapalu et Mansini. Il est alors âgé de près de 70 ans et procéda avec un style particulier, en larguant depuis son coucou les vivres nécessaires, pour ne pas les transporter à dos d’homme.
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