Née à Salvador, à l’époque esclavagiste, la capoeira s’est depuis exportée à travers le monde. Cette lutte qui mêle musiques, chants et techniques de combat est un puissant marqueur identitaire brésilien et un support de la mémoire collective. En Guyane, la capoeira a trouvé depuis quinze ans sa place. Reportage à Bahia et à Cayenne.

Du Solar do Unhão, dégrad où étaient débarqués et broyés les esclaves africains, et du Largo Terreiro de Jesus, ventricule de la Baie de tous les saints, ne subsistent que des édifices religieux baroques exagérément imposants et la mémoire propagée des heures sordides. Une mémoire orale qui survit à l’oubli, notamment grâce à la capoeira, cette lutte afro-brésilienne polymorphe reconnaissable à la disposition en “ ronde ” (“ roda”) des musiciens et chanteurs au centre de laquelle s’affrontent deux à deux des combattants.

Elle naissait au XVIe siècle, à l’époque de la traite négrière au Brésil, comme une expression parmi tant de rébellion et d’africanité dans des colonies violentes et injustes. La capoeira est la synthèse de diverses formes de combats, danses, rituels, travaux agraires, musiques et terroirs de plusieurs pays africains. Tour à tour tolérée, courroucée, bannie, elle est aujourd’hui reconnue de par le monde et vient d’être inscrite sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’Unesco.

Marqueur identitaire
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