- Masak, masak ?
– Kam !
– Li ka mãje pa so bux,
li ka soxti pa so bux ?
– Kulev !

Dans les villages sur la rivière Curipi, dans l’arrière-pays d’Oiapoque, les Amérindiens Karipuna ne parlent pas une langue amérindienne, mais une variante du créole guyanais, appelée localement le kheuol (ou, parfois, le patuá). Le kheuol est devenu réellement ici une langue « ethnique » soulignant la différence des Karipuna avec les Brésiliens venus des villes, qui parlent le portugais. Reconnu comme une langue indigène par le Brésil, au même titre que le Pahikwene ou le Wayãpi que parlent d’autres Amérindiens dans le nord de l’Amapá, le kheuol fait depuis plusieurs années l’objet d’un enseignement par des professeurs indigènes dans les écoles des villages.carte
L’histoire des Karipuna est indissociable de la délimitation de la frontière franco-brésilienne sur le fleuve Oyapock en 1900 et de l’histoire de ce que l’on a appelé le « Territoire Contesté », devenu aujourd’hui l’État brésilien d’Amapá, réclamé à la fois par la France et par le Brésil. Loin de la grande ville brésilienne la plus proche, Belém, cette région a longtemps représenté un refuge pour les Amérindiens fuyant les Portugais, pour les esclaves noirs évadés du Brésil ou de la Guyane et plus tard pour les populations pauvres du bas Amazone subissant la répression de la révolte que l’on a appelée le « Cabanagem », au milieu des années 1830. Jusqu’au début du XXe siècle, les produits de l’élevage, de l’agriculture, de la pêche du « Territoire Contesté » prenaient la direction de Cayenne et à partir de la fin du XIXe siècle, l’exploitation de l’or, mais aussi du balata et du bois de rose, attira sur place des Européens et des Créoles venus de Guyane ou des Antilles françaises et anglaises.
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