L’agriculture guyanaise rencontre depuis de nombreuses années des difficultés techniques, que ce soit dans les domaines des productions végétales et animales. En effet, le milieu équatorial présente de nombreuses spécificités en termes climatiques, de sols, … qui sont pour les producteurs des difficultés notables devant être surmontées. Cependant, le milieu naturel guyanais présente aussi de nombreux avantages tels que les températures ou encore sa biodiversité unique dont il est possible de tirer avantage pour produire plus et mieux.

En 2009, il a été fait le constat à l’occasion des Etat Généraux de l’Outre Mer que l’agriculture de Guyane (et plus généralement des DOM) accusait de nombreuses difficultés pour pouvoir se développer – difficultés bien supérieures aux territoires de métropole. Le gouvernement proposa à l’époque la création d’un institut technique spécifique aux DOM pouvant répondre aux enjeux des milieux équatoriaux et tropicaux. Une autre proposition fut finalement retenue : celle de développer un réseau regroupant les différents acteurs du développement agricole existant. Ces différents acteurs (recherche, instituts techniques, organismes de formation, organisations professionnelles agricoles, collectivités locales, Etat) se sont fédérés autour de projets d’innovation et de transfert de connaissances, pour répondre aux attentes techniques des producteurs des DOM. Fin 2011 le RITA (Réseau d’Innovation et de Transfert Agricole a été mis en place dans chaque DOM. Il est financé principalement par des fonds européens mais également par l’Etat ainsi que des collectivités territoriales.

En Guyane, il comporte près de 40 partenaires, principalement localisés dans le département, mais aussi dans les Antilles, en métropole, en Colombie, en Brésil ou encore en Nouvelle-Calédonie. 7 projets y sont développés, axés sur les thématiques de la production animale, la production végétale, la gestion de la fertilité des sols, et de la gestion de l’information. L’ensemble de ces travaux sont co-construits avec les producteurs, les différents partenaires impliqués, la Région Guyane, la Chambre d’Agriculture et les services de l’Etat (DAAF – Direction de l’Alimentation de l’Agriculture et de la Forêt).

La première thématique (concernant les productions animales) est liée à la gestion de l’alimentation dans les élevages porcins et de ruminants (bovins, ovins, caprins) et à la gestion de la santé de ces mêmes animaux. L’ensemble de ces travaux sont coordonnés par l’institut technique IKARE (Institut Karibéen de l’Elevage). Concernant le végétal, les actions sont centrées autour de la protection sanitaire des cultures et de la sélection de nouvelles variétés. Ces travaux sont pilotés par le CIRAD (Centre International de Recherche Agronomique pour le Développement). Les travaux sur la gestion de la fertilité des sols (pilotés par l’INRA – Institut National de la Recherche Agronomique) ont pour objectif de développer de nouvelles techniques d’entretien et d’amélioration de la qualité des sols, tout en évitant le recours aux fertilisants de synthèse. Enfin le dernier axe du RITA en Guyane concerne la gestion de l’information avec la mise en ligne de toute la littérature grise accessible gratuitement depuis la plateforme guy@gri (www.ecofog.gf/giec).

Après 3 années d’activité, il était important pour le réseau d’être présent au Salon de l’Agriculture de Matiti afin de présenter ses résultats. En effet, la communication auprès des professionnels et du grand public est essentielle pour le bon déroulement des projets. Pour cette occasion, différentes conférences furent organisées durant les deux jours sur les différentes thématiques traitées par le RITA. La première concernait la présentation du réseau et de l’innovation dans l’Agriculture en Guyane, puis a suivi GDI (Guyane Développement Innovation) et l’agriculture guyanaise. Une table ronde a été organisée sur la distribution des produits agricoles avec la participation de Bernard Boulanger – Directeur de « Délices de Guyane ». A cette occasion, un échange fut engagé sur la question des prix des produits agricoles. En effet, la forte fluctuation des produits des fruits et légumes sur les marchés guyanais s’explique par les saisons (variation de la pluviométrie) mais aussi par l’irrégularité de la production sur le territoire d’une année sur l’autre. Il en est ressorti la nécessité de mettre en place un système pouvant informé producteurs, transformateurs et distributeurs des matières premières disponibles et ainsi anticiper la variabilité des prix d’une année sur l’autre.

Une autre conférence fut organisée par Solicaz sur une question centrale pour l’agriculture en Guyane qui est celle de la fertilité des sols. Ce bureau d’étude et d’expertise du sol a présenté ses travaux au sein du réseau. Différents témoignages – notamment d’agriculteurs et de techniciens partenaires – ont permis d’alimenter le débat. Ces témoignages furent particulièrement positifs, notamment vis-à-vis de l’impact des techniques testés sur exploitation (plantes de couverture pour maitriser l’enherbement, utilisation de charbon pour restaurer la fertilité du sol…).