Les centrales de combustion du bois gagnent du terrain en Guyane. En dix ans leur contribution dans la production régionale d’électricité doit être multipliée par sept. Pensée pour accompagner un développement de la commercialisation du bois d’œuvre, cette filière industrielle présente des inconnues qui pourraient faire peser de lourdes pressions sur les forêts.

La Guyane est un immense territoire qui concentre 70 types d’habitats forestiers sur 8,4 millions d’hectares. Cet espace d’apparence monochromatique, qui représente 1 % du grand bassin amazonien, est l’un des plus riches et des moins fragmentés écologiquement au monde avec près de 1 500 essences d’arbres recensées. La présence des arbres est quasiment omniprésente sur la frange littorale et totale dans l’intérieur. On entend souvent dire qu’entre 80 et 90 % du vivant qui peuple les forêts guyanaises est peu, voire non répertorié.
Aujourd’hui, le domaine forestier permanent où est autorisée l’exploitation (labellisée “PEFC”, à faible impact) équivaut quasiment à la taille de la Nouvelle-Calédonie. Le chiffre d’affaires de la filière bois s’élevait en 2015 à 76 millions d’euros et avait connu un bond notable de 25 % les sept années précédentes. Le secteur employait cette année-là, 215 entreprises pour 830 emplois directs, contribuant de 2 à 3 % au produit intérieur brut de la Guyane. Bien que le marché soit florissant, il « fonctionne en dents de scie », fortement conditionné par la commande publique et la saisonnalité, reprenait le rapport 2018 du Cabinet Deloitte mandaté par le WWF France sur « Le potentiel de développement économique durable de la Guyane ». L’étude soulignait que l’interprofession bois avait décidé il y a plusieurs années que le “ bois énergie” deviendrait d’ici 2025 « un véritable vecteur de croissance pour la filière » forestière.


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