3000 exemplaires, 500 abonnés, le journal de l’ouest qui démange a su faire frémir les puissants de Guyane, et donné l’alerte lorsque la nature guyanaise était mis en danger. Retour sur un média qui pourrait faire école, 23 ans après sa création

Ce n’est peut-être pas par hasard si l’idée de se rassembler autour d’un projet commun est né à Saint-Laurent-du-Maroni. Quelques années plus tôt, c’est sur les rives du Maroni qu’un vieux gréement, à bout de souffle, y a jeté l’ancre. (voir page suivante). A son bord, Kristopher Allan Wood, fut immédiatement fasciné par la vie sur le fleuve. Après avoir sillonné le Maroni et le Tapanahoni, l’anglais se rapprocha d’un groupe de citoyens autour d’un projet d’intérêt général : créer une association et par la même un magazine trimestriel, qui aurait pour but de dénoncer les multiples atteintes à l’environnement. La ligne éditoriale démarre sur le constat suivant : « Jusqu’à présent la Guyane gardait son identité, avec la dernière forêt primaire intacte, une population vivant selon des valeurs traditionnelles stables. Mais depuis la folie du développement, survenue au cours des années 80, on voit la région se transformer rapidement pour singer un modèle occidental en crise. »
C’est en 1990, que seront déposés les statuts de l’association du Pou d’Agouti. Agnès Leclerc, Christophe Caillaux, Elise Elallouf, Pascale Le Mentec, Pascal Cario et Kris Wood, très vite rejoints par Guy Ducrettet, vont alors se lancer dans cette aventure. A l’époque, la tâche semble déjà lourde pour cette petite commune de l’ouest, où la seule photocopieuse de la commune est souvent en panne. Le groupe s’est intitulé le Pou d’agouti, et le support de presse, éponyme endossera la lourde tâche de devenir le magazine qui démange et qui dérange. A l’occasion, il interpellera aussi ceux qui « se grattent » au lieu de réagir, de « s’indigner », dirait-on maintenant.
Rapidement, une ancienne habitation fut réhabilitée en local associatif. Le Pou devient cette vieille maison créole, de la rue Victor Hugo, avec ses portes battantes à l’entrée et son toit de tuiles rouges. Son parterrre de fleurs, sa façade de bardage, recouverte d’une fresque animalière, donnaient de la couleur à la ville.
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