Quelles sont les missions des Jeunes Agriculteurs et de l’ODEADOM* ?

Le syndicat Jeunes Agriculteurs a pour but de défendre les intérêts des jeunes agriculteurs, promouvoir le milieu rural, former et informer les jeunes agriculteurs, être force de propositions auprès des pouvoirs publics. L’ODEADOM est un établissement public qui contribue au développement endogène de l’économie agricole des cinq départements d’outre-mer et de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Quelles sont les difficultés rencontrées par les jeunes agriculteurs qui souhaitent s’installer en Guyane ?

En Guyane les jeunes n’ont pas d’autre choix que de s’installer sur de la forêt primaire qu’il faut défricher. Par conséquent il est impossible dans ces conditions de dégager du revenu en première année comme le demandent les textes nationaux. La pluriactivité est donc une nécessité pour s’installer en Guyane.

Comment sont attribuées les terres agricoles ?

Sur le domaine privé de l’Etat, la demande est déposée à France Domaine. Le dossier passe ensuite dans diverses administrations pour avis (DAAF – Direction de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, DEAL – Direction de l’environnement de l’aménagement et du logement, ONF – Office national des forêts) mais également à la Chambre d’agriculture et à la mairie de la commune concernée. Puis il passe en CAF (Commission d’attribution foncière).

On entend souvent dire que l’installation d’un jeune agriculteur peut prendre plusieurs années, est-ce réellement le cas ?

Désormais elle prend un an en moyenne grâce aux PAS (Périmètres d’attribution simplifiés), qui consistent à regrouper les demandes de porteurs de projets agricoles sur une commune et à leur attribuer des parcelles sur une zone agricole prédéfinie en accord avec la commune, la DAAF et l’ASP (Agence de services et de paiements). Après l’accès au foncier, le travail de création de l’exploitation agricole dure plusieurs années.

Les conditions de l’installation ont-elles été améliorées ces dernières années ?

L’obligation de dégager du revenu a été reportée en cinquième année d’installation agricole. Et désormais il y a le FOGAP (Fonds de garantie agriculture-pêche) qui permet de sécuriser les banquiers car les jeunes agriculteurs n’ont pas accès au prêt bancaire.

Quels sont les combats que vous menez actuellement pour faciliter l’installation des jeunes agriculteurs ?

Nous travaillons à parfaire le dispositif réglementaire relatif aux aides à l’installation des jeunes (accès à l’électricité, au téléphone et à une voirie décente) pour rendre vivable et viable leur future exploitation. Nous travaillons aussi pour aider à structurer les différentes filières existantes et celles qui sont en train de se mettre en place, comme l’apiculture, la faune sauvage ou l’aquaculture. Enfin, nous étudions les possibilités de valorisation de la biomasse issue de la déforestation des terres agricoles.

Combien de jeunes agriculteurs se sont installés ces dernières années en Guyane et quel est le foncier agricole disponible actuellement ?

Entre 1999 et 2008, 45 jeunes ont été installés soit environ 4,5 jeunes par an. L’Observatoire du foncier agricole, mis en place en 2009, a permis de dégager plus de 6 000 hectares disponibles sur 6 communes.

Vous êtes vous-même agricultrice, quelles difficultés rencontrez-vous au quotidien ?

Je suis actuellement en train de finaliser mon installation. La défense de l’agriculture de notre département me prend beaucoup de temps et d’énergie, au détriment de mon exploitation, de mes enfants, de ma famille et de ma santé.

Craignez-vous que l’ouverture du pont sur l’Oyapock menace l’agriculture guyanaise ?

Le SMIC chez nous est d’environ 1300 € par mois alors qu’au Brésil il est dit fois moins élevé. Les intrants nous coûtent excessivement cher et les coûts de fret sont exorbitants (taxes portuaires et aéroportuaires, et octroi de mer notamment). De plus, au Brésil et au Suriname, les agriculteurs utilisent des produits phytosanitaires interdits en Guyane depuis plusieurs années car leurs effets néfastes sur la santé humaine ont été prouvés. Donc le consommateur est berné et la concurrence faussée. Si ces produits agricoles circulent sur notre territoire sans contrainte, nous ne survivrons pas.

 * ODEADOM (Office de développement de l´économie agricole des départements déoutre-mer)