Quitter sa terre natale avec l’espoir d’une vie meilleure. C’était le vœu formulé par des milliers de Guadeloupéens, Martiniquais, Réunionnais et Guyanais. Le rêve qu’on leur avait promis. “On” ? Le Bureau pour le développement des migrations dans les territoires d’Outre-mer, le Bumidom, un organisme créé en juin 1963 par Michel Debré, alors député de la Réunion. 

Billet d’avion aller simple tous frais payés, logement et emploi dans l’administration française. Voilà ce que promet le Bumidom aux jeunes des Antilles françaises, de la Guyane et de La Réunion à la recherche de lendemains nouveaux. La France manque de main d’œuvre, le chômage dans les territoires ultra-marins est endémique et le Bumidom est alors jugé comme la meilleure des solutions. Au total, entre 1963 et 1981, environ 165 000 femmes et hommes traversent les océans, direction Paris, le Havre, Nantes, Marseille puis d’autres villes comme Crouy-sur-Ourcq, à plus de 6 000 kilomètres de leurs villes ou communes d’origine. Les migrants sont envoyés dans des centres d’adaptation à la vie métropolitaine avant d’être placés en emploi. L’arrivée dans l’Hexagone est parfois brutale, l’adaptation difficile. Et la déception, souvent au rendez-vous. La plupart sont pourtant restés et ont fondé une famille. Plus de cinquante-cinq ans après la première vague d’immigration, leurs enfants connaissent vaguement cette histoire complexe, traumatique pour certains, douloureuse pour d’autres, vécue comme une chance pour quelques-uns, mais dans tous les cas, sujette à un véritable tabou.


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