La découverte

La découverte du cimetière du pénitencier de Saint-Louis en 2008 est liée à une opération archéologique de l’Institut national des recherches archéologiques préventives (INRAP) préalable à un projet immobilier. Aucun indice de surface ne permettait de supposer la présence des nombreuses tombes découvertes dans le sous-sol. L’analyse du site a permis d’estimer l’étendue des vestiges à une surface d’environ 3200 m². Un décapage de 135 m² a révélé la présence de 35 tombes, en majorité orientées Nord/Sud. Les fosses des sépultures apparaissaient à 40 cm sous la surface du sol actuel. Elles étaient de forme rectangulaire, parfois légèrement trapézoïdale, et de la taille d’un homme adulte. Dans certaines zones du cimetière, les tombes étaient régulièrement espacées alors que dans d’autres on observait plusieurs recoupements entre les fosses d’inhumation. Dans ce dernier cas, il était souvent impossible de définir la chronologie relative* des sépultures. L’étendue des sondages archéologiques n’a pas permis de définir une organisation interne propre au cimetière. Des aménagements en briques ont été observés à quelques centimètres de profondeur au-dessus des sépultures. Ils servaient sans doute de socle à des objets ostentatoires destinés à matérialiser l’emplacement des tombes. Un seul squelette a été fouillé afin de caractériser l’état général de conservation des ossements et l’organisation des dépôts funéraire. Le squelette se trouvait à deux mètres de profondeur. Il reposait sur le dos, les bras le long du corps et légèrement fléchis, les mains jointes sur le pelvis et la tête inclinée sur le côté gauche. Plusieurs indices archéologiques montrent que l’inhumation a été effectuée dans un cercueil. Les archéologues ont pu observer au fond du creusement un niveau sombre lié à la décomposition de la matière organique (bois, corps), un remplissage inférieur composé de sable bien trié qui pourrait correspondre à une infiltration progressive des particules fines dans un espace vide, un décrochement de la mandibule et enfin 15 clous ainsi qu’une charnière en métal à proximité du squelette. Par ailleurs, le niveau supérieur du comblement était composé par un mélange de sable jaune et noir qui montrait un affaissement central lié au pourrissement du couvercle du cercueil. La fosse avait des parois droites et un fond plat. Aucun matériel associé pouvant renseigner sur la condition de l’individu n’a été retrouvé. À ce stade de l’étude, l’âge et le sexe du squelette restent encore indéterminés. La sépulture a ensuite été rebouchée sans qu’aucun reste osseux n’ait été prélevé par les archéologues. D’autres ossements ont été retrouvés en position secondaire à quelques dizaines de centimètres sous la surface du sol : un crâne, un humérus, un fémur. Ils appartenaient probablement à des sépultures plus anciennes, détruites par les fossoyeurs lors du creusement de tombes plus récentes. Il est aussi apparu que le milieu n’a pas permis la conservation des ossements dans toutes les sépultures. Il est possible que les corps aient pu être enterrés recouverts de chaux pour lutter contre la propagation des épidémies. Ce matériau ou l’acidité des sols ont pu favoriser une élimination rapide des vestiges osseux. Dans ce cas, il n’est donc pas surprenant de retrouver des fosses « vides » notamment dans le cas des sépultures les plus anciennes.
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