De 1835 à 1840, la ville de Belém et la province du Grão-Pará vont être le théâtre de l’une des plus importantes révoltes populaires de l’histoire du Brésil, connue sous le nom de Cabanagem. La France profitera de cette période troublée pour avancer les frontières de sa colonie guyanaise vers l’Amazone.

En 1822, Don Pedro Ier proclame l’indépendance du Brésil et se fait couronner empereur. Sans véritable autorité, ses quelques années au pouvoir ne seront que luttes contre les partisans du Portugal, les grands propriétaires esclavagistes et les mouvements autonomistes. Après avoir abdiqué en faveur de son fils âgé de cinq ans, l’impopulaire Pedro Ier quitte Rio de Janeiro pour le Portugal en 1831. Une régence est mise en place dans un pays en proie au chaos politique. Plusieurs grandes révoltes populaires éclatent alors, à Rio de Janeiro, au Pernambouc, dans l’Alagoas et enfin à Belém, en 1835.

Indépendance

En 1835, Belém, port sur l’Amazone et capitale de la province du Grão-Pará, est une ville en pleine croissance d’environ 25 000 habitants. Éloignée de Rio, et entretenant des liens étroits avec le Portugal, la cité amazonienne n’a reconnu l’indépendance du Brésil que tardivement. La classe dominante, composée de commerçants portugais et de grands propriétaires, conteste en effet l’autorité impériale. La majorité de la population – Amérindiens, esclaves, caboclos (métis amérindiens européens), petits travailleurs agricoles blancs – vivant quant à elle dans une extrême pauvreté, est au bord de l’explosion sociale. L’arrivée en 1833 d’un gouverneur autoritaire, Bernardo Lobo de Sousa, va rapprocher ces factions aux intérêts pourtant antagonistes. En novembre 1834, l’armée donne l’assaut à une fazenda accueillant une réunion d’opposants politiques : le leader Manuel Vinagre est tué tandis que Felix Clemente Malcher – un grand propriétaire terrien – est arrêté. Cet évènement met le feu aux poudres. Commandés notamment par Eduardo Angelim et les deux frères de Manuel Vinagre – Francisco et Antônio – les rebelles, dénommés cabanos, profitent des festivités du Jour des rois pour investir Belém le 7 janvier 1835. Le gouverneur de Sousa et son commandant militaire sont tués. Les rebelles déclarent alors l’indépendance du Pará : Malcher, libéré, devient président et Francisco Vinagre son chef militaire. Leur gouvernement ne tient pas plus de cinquante jours. Vinagre accuse son président de connivence avec l’empire. Les partisans des deux camps s’affrontent dans la rue jusqu’à l’assassinat de Malcher en février 1835.
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