L’air retentit de cris effroyables et de coups de pistolets. Entrebâillant sa porte, le père Fauque n’a que le temps de se rejeter en arrière. Des hommes armés courent vers le fort : des corsaires. Il ne peut le croire. Quel capitaine viendrait perdre son temps sur l’Oyapock ? Un forban irait chercher son butin à Cayenne ou sur l’Approuague. Mais il doit se rendre à l’évidence. L’ennemi est dans la place. Et il a maintenant peur pour sa vie.

4_1762 Carte du cours

Au début était la guerre
En 1740, la mort de l’empereur Charles VI de Habsbourg et l’avènement de sa fille Marie-Thérèse déclenchent la guerre de Succession d’Autriche. Des princes et souverains apparentés revendiquent tout ou partie de l’héritage impérial. La France entre en guerre en 1741 en s’alliant à la Prusse, la Bavière et l’Espagne contre l’Autriche, les Provinces-Unies et l’Angleterre. Les hostilités entre la France et la « perfide Albion » débutent le 22 février 1744 devant le port de Toulon. D’abord essentiellement européenne, la guerre va se déplacer aux colonies. C’est là qu’interviennent les corsaires : ces derniers, des particuliers qui arment leurs propres navires, ont l’autorisation de leur gouvernement pour attaquer, saisir et détruire les vaisseaux ennemis en temps de guerre. Le capitaine Simeon Potter (1720-1806), originaire de Bristol (Rhode Island), est l’un d’eux. Il reçoit mandat de William Greene, le gouverneur de la colonie anglaise de Rhode Island, pour attaquer les navires battant pavillon français et espagnols. Son navire, le sloop Prince Charles de Lorraine, quitte Newport le 8 septembre 1744.
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