Contredisant l’image simpliste de peuples amérindiens victimes passives du système colonial, traditions orales et archives dessinent les contours de l’histoire des Wayampi. Cette longue aventure mérite d’être contée.

1690. Un peuple ripuaire

Les Wayampi sont installés dans le bas Xingu, affluent méridional de l’Amazone. Cette région très anciennement peuplée abrite plusieurs ethnies tupi-guarani, vaste nébuleuse culturelle que le jésuite Betendorf estime à plusieurs dizaines de milliers de personnes. Ces grosses communautés agricoles disposent d’un potentiel halieutique considérable, en particulier dans les rapides de la Volta Grande. La tradition orale wayampi contemporaine en perpétue le souvenir au travers de danses propitiatoires, symboliquement dominées par ces énormes poissons que sont le piraroucou (Arapaima gigas) et le piraiba (Brachyplatystoma filamentosum). Après avoir éliminé Flamands, Anglais et Irlandais, les Portugais confortent leur hégémonie dans la région à partir de 1636 en y installant quatre missions jésuites. Pendant un siècle, les Amérindiens seront tiraillés entre sédentarisation sur les missions (avec acculturation interethnique et pressions religieuses) et recrutement forcé par les autorités civiles portugaises pour le travail sur les plantations. Ils y répondent par la dispersion en forêt. C’est à cette époque que les Wayampi découvrent les outils métalliques et que naît l’extrême défiance qu’ils manifestent encore à l’égard de tout embrigadement missionnaire.

1736. Migration au nord de l’Amazone
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