Ils ne sont plus qu’une petite poignée. Les autres sont morts et enterrés ou rentrés au pays. Augustin Joseph, lui, est toujours là, et plutôt bien portant malgré ses « au moins 86 ans » bien tassés. A quelques heures du réveillon de Noël, il a la gentillesse de recevoir… sans rendez-vous ! Sympa. D’autant qu’on est accueilli à bras ouverts. En fait, le plus dur a été de trouver sa maison : une jolie petite propriété située au bout d’une de ces innombrables pistes qui forment le quartier de Cogneau-Lamirande, à Matoury, et où les non-riverains ont vite tendance à se perdre. Short à carreaux et chemise à fleurs un peu débraillée, Augustin a tout l’air du papi décontracté qui s’apprête à fêter Noël en toute sérénité. On lui explique alors l’objet de notre visite. Monsieur se montre tout ouïe. Attentif d’abord, puis aussitôt ravi d’apprendre qu’on est venu rencontrer l’un des derniers témoins des origines de la migration haïtienne en Guyane. Son histoire se racontera sans doute pendant des décennies encore, dans toutes les chaumières de la communauté haïtienne de Guyane. Et Dieu sait qu’il y en a. Si les chiffres officiels de l’Insee parlent de 35 000 Haïtiens ( ou Français d’origine haïtienne) recensés dans le département, dans les faits, on avance plutôt le double. Soit un bon cinquième de la population guyanaise.

Lucien Ganot vs Papa Doc
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