Un siècle après l’éruption de la catastrophe de la montagne Pelée, l’ancien « Petit Paris des Antilles » n’a pas retrouvé la gloire de ses grandes années, elle semble même en marge du développement martiniquais. C’est peut-être ce qui fait le charme de cette jolie petite bourgade endormie.

LE MAI DE SAINT-PIERRE

Le mois de mai à St-Pierre est rythmé par les célébrations et les festivités. Conférences, pèlerinages et concerts se succèdent durant une dizaine de jours. Et pour cause, le 22 mai 1848, les esclaves martiniquais prennent leur liberté avant même l’application officielle de l’abolition de l’esclavage, et un demi-siècle plus tard, le 8 mai 1902, la ville est entièrement détruite par l’éruption volcanique de la montagne Pelée. Cette année, en 2016, c’est la communauté indienne qui est à l’honneur. Les tout premiers “engagés ”, ces travailleurs indiens embauchés dans les pires conditions pour travailler dans les plantations coloniales, ont débarqué ici le 6 mai 1853 avec le navire l’Aurélie. La place Bertin est rebaptisée du nom dudit bateau à cette occasion. Jocelyne Sacarabany, de l’association Gopio Martinique explique : « Nous avons pour objectif de faire connaître la culture indienne. L’histoire des engagés est encore mal connue. St-Pierre abritait la plus grande communauté indienne de Martinique, près d’un millier de personnes, tous décédées lors de la catastrophe ».
Ces quelques jours de célébrations sont d’autant plus importants dans une ville où, hormis un modeste musée, peu de choses permettent au visiteur de s’imaginer la taille de St-Pierre avant la catastrophe. Ici, ce n’est pas comme au pied du Vésuve, à Herculanum ou Pompéi, où les corps figés dans l’instant de leur antique destruction sont exposés tels des œuvres muséales. Si la mémoire des 30 000 habitants disparus en 1902 n’a pas été perdue, le visiteur se doit de la reconstituer à partir d’indices disséminés dans la ville.
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