A l’écart du système de santé, les conditions de vie sur les sites d’orpaillage illégaux créent un milieu propice à de nombreuses pathologies, le paludisme en tête. Une équipe médicale du Centre d’Investigation Clinique de Cayenne se rend sur les bases arrière logistiques des orpailleurs clandestins pour dépister le paludisme et étudier cette épidémie peu visible mais potentiellement explosive.

Antonio do Brinco, un village de baraquements de bois et de tôle en face de Maripasoula où s’alignent des hangars commerciaux, des restaurants brésiliens et hôtels de passe sur la rive surinamaise du fleuve Maroni. Les orpailleurs, majoritairement brésiliens, viennent ici se reposer, vendre leur or, et acheter du matériel d’orpaillage. C’est là que nous accostons ce matin de février. La pirogue s’approche lentement du ponton en bois. Les gens nous regardent étonnés – et un peu suspicieux – décharger des caisses en plastiques, moustiquaires et autres bâches. Nous posons notre matériel dans un coin et saluons les personnes présentes tandis que notre médiateur explique le motif de notre venue.

Infirmière, médecin, et médiateur, nous sommes une équipe médicale du Centre d’Investigation Clinique (CIC), le service de recherche en épidémiologie du Centre Hospitalier de Cayenne. Nous menons une étude sur le paludisme chez les orpailleurs clandestins travaillant en Guyane, principale pathologie touchant cette population. Pour cela, nous nous rendons sur les bases arrière logistiques et lieux de passage des orpailleurs et leur proposons de participer à l’étude : une prise de sang, un test de dépistage rapide du paludisme, suivi d’un traitement gratuit si celui-ci s’avère positif, un questionnaire anonyme sur les connaissances, attitudes et pratiques vis-à-vis du paludisme, ainsi qu’un examen médical.
Grâce à notre piroguier qui traduit en aluku, un commerçant chinois nous autorise à nous installer sur sa terrasse en bois surplombant le Maroni. Nous disposons notre matériel avec l’aide spontanée des orpailleurs présents : un lieu pour la passation des questionnaires, un espace pour faire les prélèvements, enfin un “ cabinet médical ” isolé par une bâche où nous déplions un lit picot.

« J’ai déjà eu une dizaine de crises de paludisme »
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