Il y a cinquante ans, l’état a organisé l’envoi en métropole de jeunes originaires de La Réunion. Des marmailles issus de milieux défavorisés, pour certains orphelins ou abandonnés. L’avenir à plus de 9000 km de chez eux, promettait d’être meilleur.
Il ne l’a pas été pour tous, certains ayant été victimes de plusieurs traumatismes. Celui du déracinement, de violences subies dans leur foyer d’accueil ou dans leur famille d’adoption, de la découverte que leurs parents naturels n’avaient jamais consenti à les abandonner… Aujourd’hui réunis au sein de la Fédération des enfants déracinés des Drom (Fedd), ils réclament réparation auprès de l’état.

Vendredi 10 mai 2019, jardin du Luxembourg à Paris (6e), Emmanuel Macron préside le 171e anniversaire de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions. L’occasion pour le président de la République d’annoncer, entre autres, l’inauguration d’un mémorial des victimes de l’esclavage dans le jardin des Tuileries (1er) en 2021. L’occasion pour la Fédération des enfants déracinés des départements et régions d’outre-mer (Fedd) de demander « une place, fût-elle minime, pour [son] histoire au sein de ce mémorial.»
Cette histoire, c’est celle dite des “ Enfants de la Creuse ”. L’appellation est courante, mais on ne peut plus réductrice pour ce que d’aucuns qualifient de « mensonge oublié », de « scandale d’état », de « crime impuni » ou encore de « trafic d’enfants institutionnalisé ». Elle ne peut rendre compte du traumatisme subi il y a plus de cinquante ans par toute une génération de jeunes originaires de La Réunion. Un traumatisme encore vivace pour lequel la Fedd, qui regroupe trois associations d’ex-mineurs « sacrifiés », demande réparation auprès de l’état français. « Il y a urgence, martèle Valérie Andanson, secrétaire chargée de la communication au sein de la fédération. Certains d’entre nous sont morts, d’autres sont malades. Et il y a eu deux nouvelles tentatives de suicide depuis le début de l’année. »


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