Achevé il y a plus d’un an, le pont de l’Oyapock tarde à ouvrir à la circulation. On attend désormais que les travaux de la route se terminent, côté brésilien. Mais plus le temps passe, plus l’inquiétude semble gagner les habitants des deux rives, pas franchement convaincus par l’utilité de cet étonnant édifice.

On n’y danse pas encore… sur le pont de l’Oyapock. Et pour cause : Fifi veille au grain. Comme tous les soirs, la vieille chienne bâtarde récemment promue adjudant chef – « juste pour blaguer » – monte la garde, assise au pied d’une des trois aubettes qui forment le poste de contrôle de la Paf, côté français. On n’avait encore jamais rencontré de “ douanière ” qui se laisse caresser aussi facilement ! L’endroit est désert. « On se demande à quoi il va servir, ce pont », glisse un agent, de retour de patrouille. « Regardez, même les aubettes sont déjà usées par le temps ! » Il faut dire que l’édifice est terminé depuis plus d’un an, tout comme la route d’accès. Mais aujourd’hui, la traversée du pont est toujours strictement interdite. « Quand ce sont des journalistes, ça va, mais quand des gars viennent pour enregistrer un clip sans autorisation, on est obligé de les virer », témoigne un autre policier qui débute son service.

«Un problème de foncier»

En fait, personne, de Paris à Brasilia, en passant par Cayenne ou Macapá, n’ose trop s’avancer pour planifier une éventuelle date d’inauguration. « Aux dernières nouvelles, on parlait de la fin de l’année, mais cela semble difficilement réalisable », estime Denis Labbé, préfet de Guyane. Car de l’autre côté de l’Oyapock, les affaires traînent. Si le poste de contrôle français est prêt à l’emploi, les Brésiliens, eux, ne le sont pas du tout. Une vieille cabane en bois qui menace de s’effondrer à tout moment, une épave de tractopelle garée dans un fossé, et un policier armé pas vraiment prompt à lâcher la moindre esquisse de sourire… Voilà à quoi ressemble le poste de contrôle auriverde.
« Tant qu’ils ne seront pas prêts, on ne pourra pas ouvrir », résume le préfet. Etre prêt, cela signifie aussi avancer sur le chantier de la route de Macapá, sur lequel il resterait environ 165 kilomètres de bitume à poser. Mais surtout, il s’agit déjà d’achever la jonction de route qui relie l’édifice au bourg d’Oïapoque. Soit moins de deux malheureux kilomètres. Mais les autorités brésiliennes seraient confrontées à un « problème de foncier sur cette partie », à en croire le préfet.

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