Des camps de réfugiés thaïlandais aux zones montagneuses du nord Laos, en passant par l’ancienne capitale royale Luang Prabang, nous avons remonté les traces des migrants hmongs qui ont fui leur pays pour s’installer en Guyane il y a bientôt quarante ans.
L’homme boite un peu, mais a beaucoup de style avec son jogging en nylon des années 90 et sa doudoune sans manche. Ce matin, comme beaucoup d’autres sans doute, le patron de la Sawadee Guesthouse de Nong Khai, au nord-est de la Thaïlande, est d’humeur pour le moins chafouine. Non seulement, le petit homme à la calvitie généreuse n’est pas sympathique pour un baht (la monnaie locale), mais en plus, il a tout l’air de galérer en tentant de recycler une vieille lampe à huile en lampe électrique. Le couple de gérants est originaire du Vietnam. Madame fait tourner la boutique ; monsieur, lui, ne calcule pas les clients, mais s’emploie à mettre en vitrine de vieux morceaux d’obus hérités de la guerre. Une époque douloureuse dont il vaut mieux ne pas ressasser de mauvais souvenirs. Car c’est bien par cette petite ville calme et prospère posée au bord du Mékong, qui fait office de frontière naturelle avec le Laos voisin, qu’ont transité des dizaines de milliers de réfugiés hmong dans les années 1970. Une grande majorité d’entre eux a alors migré vers les États-Unis, le Canada ou la France. D’autres se sont installés en Guyane, après avoir obtenu l’autorisation de créer en 1977 le village de Cacao, puis en 1979 celui de Javouhey, pour développer l’agriculture.

Camp de réfugiés
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