Le 18 octobre dernier, à Dakar, pour la 4e édition de Rames Guyane, 16 hommes et 2 femmes se lançaient à l’assaut de l’Atlantique pour une traversée en solitaire de 4700 kilomètres à bord d’une coque de noix de 8 mètres de long, avec pour unique moyen de propulsion une paire d’avirons et l’envie, indéfectible, d’arriver de l’autre côté. Sur les 18 concurrents de départ, 9 sont parvenus à couper la ligne à temps pour finir classés. 2 femmes et 7 hommes qui peuvent aujourd’hui se targuer, près d’un million de coups de rame plus tard, d’avoir traversé un océan à la force des bras.

18 octobre 8 heures matin. Quelques heures avant le départ. Depuis la plage de la Voile d’or, les rameurs regardent le soleil se lever derrière les silhouettes de leurs bateaux au mouillage. « Ça n’a pas pourtant l’air compliqué, il suffit de suivre les levers de soleil, à l’est. C’est par là Cayenne », désigne Gérard Marie, doyen de la course à 67 ans. Quelques rires distraits, par sympathie. Le cœur n’y est pas.
Les silhouettes des bateaux, les reflets orangés du soleil sur l’océan, personne ne les regarde vraiment. Là-bas, au large, les alizés ne sont pas encore établis. Le long des côtes sénégalaises, un vent d’ouest, mal orienté, risque de compromettre les tentatives de départ pour les prochains jours. Cette année, la course risque d’être longue. Particulièrement longue. Personne ne sait précisément à quel point. Une chose reste sûre, le record de 37 jours établi par Pascal Vaudé lors de l’édition de 2012 ne sera pas battu cette année.
Au mégaphone, Fred Lachot, capitaine du navire océanique Guyavoile, l’un des bateaux d’assistance de la course, annonce un départ imminent. Pas le temps de finir le petit-déjeuner. Dernières embrassades. Salomé Castillo, la Kouroucienne de 30 ans, benjamine de la course, verse une larme en étreignant son père. Les barques en bois peint des pêcheurs lébous font la navette entre la plage et les bateaux. Antonio de la Rosa, le Madrilène, seul étranger de l’édition 2014, part, seul, sur un kayak gonflable, vers le soleil levant à l’horizon. Les skippers commencent à relever leur mouillage. Une corne de brume retentit dans la baie. La 4e édition de Rames Guyane est lancée.

Départ manqué
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