Le parcours de Gregory Alexander est cousu de fructueuses rencontres et d’implications. Il le reconnait volontiers, « moi-même j’étais le premier surpris, tout est allé très très vite ». Faire sa place dans le monde de la comédie peu très vite tourner au drame, de nombreux acteurs s’y sont cassés les dents.

C’est pourtant naturellement que le Guyanais de 32 ans s’est frayé un chemin vers les planches pour donner la réplique à des « papys » de renom tels Pierre Debauche, Antoine Bourseiller. « J’ai passé une grande partie de mon adolescence en Guyane, puis je suis parti à Paris pour les arts du spectacle vivant. Je me suis présenté en retard pour les concours d’entrée mais j’ai quand même été pris par Rick Odums, le Centre international de la danse [jazz ». Même scénario en 2000, cette fois c’est dans le Sud Ouest qu’on lui donne sa chance, faisant fi de la date de dépôt de candidature. Il s’imprègne du théâtre-école. « J’y ai fait mes armes et je me suis mis à bosser très très vite ». C’est en 2005 que Gregory Alexander renoue avec la Guyane, il y incarne le Scapin de Molière pour « la centième fois ». Alors que la comédie voyage dans le département, un acte imprévisible s’écrit dans la tête de ce Guyanais expatrié qui décide de rester quelques mois de plus pour transformer son « électrochoc » en projet. La compagnie La Troupe du Méridien voit le jour pour « produire et former ». Grégory prend les habits de directeur artistique, des productions sont présentées aux amateurs et reçoivent un accueil encourageant.

En 2007, le grand public découvre officiellement la Troupe et ce fils du péyi, à travers la remise du Prix ETC Caraïbes pour sa pièce « La peur du vide ». « Ça m’a donné beaucoup de crédit auprès du monde politique et de la reconnaissance du public ». Un tremplin qui lui ouvre les portes de l’Ecole de Musique et Danse de Cayenne (ENMD) « qui cherchait à créer un département théâtre et à obtenir le label de Conservatoire ».
Depuis 2011 et l’adaptation stylisée de « La Chute » de Camus, le directeur artistique se consacre « à l’émergence d’un lieu », pour « un accompagnement », de jeunes comédiens guyanais en devenir. Une offre qui s’ajouterait au théâtre école Kokolampoe de Saint-Laurent du Maroni, qui forme techniciens et comédiens. Le directeur de la Cie évoque « une rampe de lancement (…) ce que je n’ai pas eu quand j’étais en Guyane ». Si l’offre s’étoffe dans le département, Grégory Alexander sait qu’ « il y a encore un énorme travail à faire au niveau structurel. Par exemple, sur Cayenne il n’y a pas de théâtre, pas de programmation ».

 


Photo Ronan Lietar