Janete Capiberibe vent debout contre l’accaparement des terres

Lors de son intervention à l’assemblée fédérale, jeudi 19 novembre, la députée amapéenne Janete Capiberibe (PSB) a accusé des personnalités politiques de s’approprier illégalement le foncier agricole en Amapá. Les terres concernées appartiennent à l’Union et font actuellement l’objet d’un transfert au profit de l’Amapá. L’Institut national de la colonisation et de la réforme agraire (Incra) est chargé de cette mission. «Mais les grileiros [usurpateurs] ont déjà mis la main sur ces terres pour les vendre à des agro-industriels du sud du Brésil », a précisé J. Capiberibe. Et de poursuivre : « Je mets en garde le ministre [du développement agraire] Patrus Ananias contre l’appropriation illicite des terres en Amapá. Des grileiros liés à l’ancien président Sarney, au gouverneur Waldez, et aux responsables politiques Jorge Amanajás et Eider Pena cherchent à démettre de ses fonctions la surintendante de l’INCRA Maria Assunção Giusti de Almeida parce qu’elle s’oppose à leurs agissements. » Sur ces terres fédérales sont installées des communautés ancestrales constituées de descendants d’esclaves, toujours en attente de régularisation de leurs territoires. « Sur les 70 communautés traditionnelles répertoriées en Amapá, seulement trois sont reconnues officiellement, et ses membres sont menacés de mort par les grileiros et les hommes de main à la solde des hommes politiques, avec la complicité des pouvoirs publics.» (Brasil 247, 19/11/15)

Nouvelle hécatombe de poissons : la compagnie hydroélectrique condamnée

L’Institut de l’environnement et de l’aménagement du territoire de l’Amapá (Imap) a verbalisé la compagnie Ferreira Gomes Energia pour faute grave en matière environnementale. Le 13 novembre dernier, les riverains ont découvert des milliers de poissons morts flottant à proximité de la centrale hydroélectrique située sur le fleuve Araguari. Une amende d’un montant de 30 millions de reais (environ 7,5 millions d’euros) a été requise à l’encontre de la compagnie qui avait déjà été incriminée pour des catastrophes similaires en août, octobre et novembre 2014. L’institut de l’environnement avait alors publié un rapport écartant toute pollution de l’eau et attribué la mortalité des poissons à une sur-oxygénation suite à une mauvaise manipulation des vannes. Ferreira Gomes Energia avait alors écopé d’une amende de 20 millions de reais. « Lorsque l’eau du réservoir transite par le déversoir pour reprendre le cours normal du fleuve, les poissons sont victimes d’embolie gazeuse», précise le nouveau rapport. Le phénomène est d’autant plus grave qu’il s’est produit en pleine période de frai, compromettant la reproduction et le développement de nombreuses espèces. « Ce phénomène particulier peut être lié au début de la piracema qui se caractérise par la remontée d’un grand nombre de poissons aux abords de l’ouvrage, et il est accentué par le faible débit de la rivière», précise une note de la compagnie hydroélectrique, qui dispose de 10 jours pour présenter sa défense. (G1 et Brasil247, 20/11/15)

Un baron local de la presse audiovisuelle et des personnalités politiques visés par la justice fédérale

Le Ministère public fédéral (MPF) va s’attaquer aux 32 députés et 8 sénateurs officiellement associés, en dépit de la loi, à des stations de radiodiffusion et de télévision à travers le pays. Parmi les parlementaires visés figure le député amapéen Cabuçu Borges (PMDB), frère de Gilvam Borges, propriétaire du grand groupe audiovisuel Beija-Flor. Le paysage audiovisuel de l’Amapá est constitué de multiples radios communautaires réparties sur ses 16 communes, et aussi de nombreuses chaînes de TV et radios commerciales appartenant aux Borges. Un « empire » constitué à partir des années 90 alors que Gilvam débutait sa carrière parlementaire à Brasília. En 2007, la famille Borges comptabilisait pas moins de 152 demandes d’octroi de concessions de stations de radio et de télévision dans divers États du Nord et du Nord-Est. Surnommé le « marechal eletrônico » par certains journalistes locaux, Gilvam attise les rancœurs, en particulier auprès des mouvements liés aux radios communautaires.
Les procureurs fédéraux vont également se pencher sur le cas de personnalités politiques brésiliennes influentes tels les sénateurs Aécio Neves (Minas Gerais), président du PSDB, Edison Lobão (PMDB-Maranhão), Fernando Collor de Mello (PTB-Alagoas), Jader Barbalho (PMDB-Pará) et Tasso Jereissati (PSDB-Ceará). À la Chambre basse, sont notamment visés les députés Sarney Filho (PV-Maranhão) et Elcione Barbalho (PMDB-Pará), ex-épouse de Jader.
La Constitution brésilienne interdit à tout parlementaire d’« établir ou maintenir un contrat avec quelque concessionnaire de service public que ce soit» (art. 54). Le procureur va donc demander la suspension des concessions et la condamnation des contrevenants ; par voie de conséquence, l’Union devra procéder à de nouveaux appels d’offres dont les sociétés concessionnaires jugées fautives seront exclues. (A Folha de São Paulo, 22/11/15)

Photo : transport remontant le fleuve Araguari vers Ferreira Gomes – Photo P-O Jay – Avril 2012