Dennis Adonis, chercheur et journaliste d’origine guyanienne, met en garde le nouveau président Granger contre les pratiques frauduleuses de certains investisseurs issus de la communauté chinoise qui mettent en péril le processus d’accès à la citoyenneté du pays.

Dans une tribune au journal en ligne Caribbeannewsnow (27/05), Dennis Adonis exhorte le président Granger à ne pas participer à une conférence organisée par une association commerciale représentant les intérêts chinois au Guyana. Car, précise-t-il, accepter une telle invitation reviendrait à approuver les pratiques frauduleuses des investisseurs chinois – notamment la société Bai Lin Shan* – sous la précédente mandature : trafic de faux papiers, corruption, accaparement de concessions forestières, violation de la législation guyanienne… Selon l’auteur – parfois controversé, précise Caribbeannewsnow – il est de notoriété publique que des centaines d’étrangers, principalement des ressortissants chinois, indiens et brésiliens sont détenteurs de faux passeports guyaniens. Tous les Chinois ne sont cependant pas à mettre dans le même panier mais nombre d’entre eux, spécialisés dans le commerce essentiellement, s’enrichissent démesurément au détriment des pauvres. Et de mettre en garde l’exécutif : « En participant à cette conférence, le président s’acoquinerait à des personnes responsables du pillage de nos ressources naturelles, de l’exploitation de notre peuple et de la perte de milliers d’emplois locaux ».

Plutôt que de jouer le jeu d’étrangers conscients qu’ils devront bientôt répondre de leurs actes, Adonis suggère au nouvel homme fort du pays de se tourner en priorité vers le milieu d’affaires local et les organisations représentant les citoyens ordinaires. Une allusion directe à la récente annonce du nouveau ministre de l’Intérieur Khemraj Ramjattan qui, selon Demerarawaves (22/05), va diligenter une enquête sur une présumée vaste fraude à la citoyenneté. Selon le ministre, deux grandes sociétés asiatiques auraient versé plusieurs millions de dollars à un haut fonctionnaire guyanien contre la délivrance de faux papiers. Au moins 300 Chinois en auraient ainsi bénéficié, sans prise en compte de leurs qualifications professionnelles.

Au sein de la Communauté des Caraïbes (Caricom), le Guyana compterait le plus grand nombre de migrants chinois et travailleurs brésiliens, russes et indiens. Depuis quelque temps la société civile guyanienne accuse les investisseurs chinois de profiter de la générosité économique locale et les tient pour responsables de la montée du chômage. À la tête de la coalition multi-ethnique APNU/AFC (A Partnership for National Unity – Alliance for Change), David Granger a mis fin le 11 mai dernier à 23 ans de règne du parti indo-guyanien PPP/C (People’s Progressive Party – Civic) promettant notamment de combattre la corruption qui aurait gangrené le pays sous l’administration précédente.

* Lire notre article « Une société chinoise accapare les forêts au Guyana », Une Saison en Guyane – n°14 – février 2015

Photo du haut : le City Hall à Georgetown ( avril 2014 – P-O Jay )
Photo ci-dessous : David Granger, nouveau président du Guyana ( copyright http://guyanachronicle.com/)

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