L‘exploitation forestière illégale est préjudiciable à l’environnement et source d’importantes pertes économiques et de problèmes sociaux. Le trafic (coupe, transport et transformation) du bois clandestin impacte négativement les cours mondiaux du bois d’origine légale. Selon la Banque mondiale, ce commerce parallèle représente 10 milliards U$ par an et une évasion fiscale de 5 milliards U$.

Les services des douanes des pays exportateurs et importateurs sont chargés de faire appliquer la loi. Cependant, l’absence d’un mécanisme permettant d’identifier rapidement et avec précision les essences interdites à l’aune du droit national ou de la Convention de Washington complique la tâche des agents. L’identification des essences exploitées illégalement exige actuellement l’examen microscopique de l’anatomie du bois par des spécialistes et / ou des tests génétiques approfondis en labo ou in situ. Pour faciliter le travail sur le terrain, le Laboratoire des produits forestiers (FPL) du département de l’Agriculture des États-Unis a mis au point un scanner portable baptisé XyloTron.

Le prototype se compose d’un macroscope portable – le XyloScope – et de son logiciel d’identification. Le XyloScope est équipé de lumières LED pour éclairer une section transversale du bois et d’une caméra haut de gamme pour capturer une image agrandie. L’image est transmise via USB à un ordinateur, dont le logiciel utilise des ondelettes pour en extraire des informations horizontale, verticale et diagonale à 10 échelles spatiales. On obtient ainsi une signature spectrale, qui est comparée à une base de données de référence. Appliqué aux essences commerciales les plus communes de l’Amérique centrale, le XyloTron détecte genres et espèces en l’espace de quelques secondes. A titre d’exemple, dans 80 % des cas il identifie précisément les espèces du genre Swietenia (acajous vrais), alors que les spécialistes chevronnés ne réussissent pas à les identifier avec une loupe ou un microscope.

La finalité du Xylotron n’est pas de déterminer l’origine géographique d’un spécimen, mais son utilisation dans ce but est essentielle parce que certaines essences peuvent être abattues seulement dans certaines zones autorisées. Souvent, les trafiquants falsifient les documents douaniers, surtout quand les grumes proviennent d’une zone protégée. Il faut alors recourir à des méthodes utilisant des puces ADN ou des isotopes stables et une vaste base de données.

Le bois amazonien dans le viseur
La lutte contre la déforestation illégale a atteint un point critique – tandis que de l’Amazonie à l’Indonésie les forêts diminuent rapidement, les autorités forestières et les chercheurs sont à l’œuvre. Au Brésil, le programme São Paulo Amigos da Terra (SPAA) mis en place par le gouvernement pauliste en 2007 fait intervenir des experts en anatomie du bois et des agents qualifiés intervenant sur des centaines de points de contrôle. Ainsi entre 2010 et 2014, la police de l’environnement a infligé chaque année des amendes variant entre 10 et 27 millions de reais.

En collaboration avec le SPAA, le FPL travaille à l’amélioration du XyloTron pour renforcer la lutte contre le commerce illégal du bois amazonien. Le laboratoire américain finalise actuellement un modèle d’identification des essences commerciales brésiliennes qui sera prochainement mis à l’essai. Le FPL coopère aussi avec des laboratoires du monde entier pour tester le XyloTron et enrichir la base d’images de référence. Le FPL articule ses actions autour des essences de l’Amérique centrale et du Brésil, deux importants pourvoyeurs de bois clandestin. Le XyloTron n’est pas encore disponible dans le commerce, son coût est évalué à environ 2 000 U$ l’unité. Une fois entre les mains des douaniers, policiers et autres agents forestiers, il devrait aider à endiguer le trafic de bois illégal au-delà des frontières nationales*.

Extraits de l’article The XyloTron: combating illegal logging in seconds du magazine en ligne mongabay.com, 22/07/15, Sammi Dowdell.

*Lire le dossier de Greenpeace Brésil, RDCongo : la France passoire à bois illégal !
dont voici un aperçu (copier-coller) :

« L’exploitation forestière illégale représente entre 15 et 30% du bois commercialisé dans le monde. Sa valeur commerciale est estimée à 11 milliards de dollars, soit quasiment celle du marché de la drogue estimée à 13 milliards de dollars. »

« La France est la principale porte d’entrée en Europe du bois tropical issu de pays à fort risque d’illégalité comme le Brésil et la République démocratique du Congo. Attestations frauduleuses, blanchiment de bois illégal, dépassement des quotas de coupe, coupes dans des concessions
non autorisées, communautés forestières violentées : les illégalités prennent de multiples formes et le bois illégal est omniprésent. Ces faits sont corroborés par la justice brésilienne et l’Observateur indépendant du secteur forestier congolais. Pourtant ce bois illégal ou suspect continue de transiter par les ports de Caen, Nantes, La Rochelle ou Le Havre.
»

« Récemment, Greenpeace a publié un rapport qui détaille les différentes modalités de fraude et de blanchiment de bois illégal qui gangrènent le secteur forestier, en particulier dans l’État du Pará, premier producteur et exportateur de bois brésilien. Le très respecté institut de recherche brésilien Imazon propose une estimation chiffrée du phénomène de l’exploitation illégale dans cet État et de la détérioration de la situation : près de 80% de l’exploitation forestière (en superficie) est touchée par l’illégalité, en augmentation de 150% entre 2011 et 2012. »

http://www.greenpeace.org/france/PageFiles/266591/briefing%20bois%20illegal%20France.pdf

Photo credit: Andrew Averil, Hardwood Floors Magazine