Au Guyana, selon les services de renseignements américains, le commerce des minéraux serait désormais entre les mains d’au moins deux grands cartels de la drogue mexicains. Ces cartels financeraient les activités de quelques grandes sociétés aurifères ayant des liens étroits avec le gouvernement. Extraits de l’article de Dennis E. Adonis, correspondant au Oslo Times (9/12/14).

Principale source de devises étrangères du pays à priori, le négoce des métaux précieux séduit énormément de monde au Guyana. Nombreux sont les hauts responsables du gouvernement, membres de la police nationale ou encore hommes d’affaires à se lancer dans l’exploitation minière au sein de la forêt guyanienne. Beaucoup de sociétés se sont promptement développées, atteignant souvent des proportions défiant toute logique d’investissement. Ainsi la manne aurifère a permis aux uns et aux autres de faire rapidement et facilement fortune.

En général, les Mexicains ciblent des entreprises et leur proposent de participer à leurs activités ; en cas d’accord elles reçoivent de l’argent frais et des millions de dollars guyaniens en matériel d’exploitation. En contrepartie, les investisseurs mexicains deviennent prioritaires dans le rachat illicite de l’or qui est alors acquis net d’impôts et hors comptabilité sur le marché noir guyanien. Une bonne partie de cet or est ensuite acheminée au port de Lázaro Cárdenas sur la côte Pacifique du Mexique ; il est ensuite dissimulé dans les cargaisons de minerai de fer, et exporté vers la Chine et l’Inde avec de juteux bénéfices.

Selon Alfredo Castillo, fonctionnaire chargé de l’organisation des opérations de sécurité contre la contrebande des minéraux dans l’État du Michoacán, siège du cartel des Templiers, la présence au Mexique de travailleurs chinois au service de nombreuses entreprises de façade aurait facilité le trafic… S’il n’est pas en mesure de divulguer des informations sur la présence éventuelle des Templiers au Guyana, pour les services de renseignements américains « il ne fait aucun doute que les Mexicains y sont installés, et opèrent avec l’aval de hauts responsables ».

Des parlementaires guyaniens accusent le ministre des Ressources naturelles et de l’Environnement, Robert Persaud, de fermer les yeux en raison de son lien présumé avec deux grandes sociétés minières, qu’ils soupçonnent de servir d’écran au puissant cartel des Templiers. Et Dennis E. Adonis de préciser : « Vu le climat politique délétère au Guyana, il est souvent difficile de donner crédit aux accusations portées par les députés de l’opposition contre des ministres actuellement en poste au gouvernement. » Malgré les multiples relances du journal, le ministre n’a pas réagi, alors qu’il s’était préalablement engagé à répondre aux accusations.

De son côté, un représentant de la Commission de la Géologie et des Mines du Guyana a déclaré au Oslo Times qu’il n’était au courant d’aucune enquête sur la présence de cartels mexicains opérant dans le secteur minier au Guyana, tout en concédant que les services de renseignements américains seraient peu disposés à partager ce type d’information.

Avec une population de plus de 700 000 habitants, le Guyana est un pays sud-américain culturellement proche des Caraïbes. Transparency International a récemment classé la nation multi-ethnique comme le pays anglophone le plus corrompu de la Communauté des Caraïbes (Caricom).

Source : Oslo Times via Caribbean360

http://www.theoslotimes.com/u-s-believes-mexicos-drug-cartels-funding-several-gold-mining-operations-in-guyana/

Photo : Georgetown – Aeroprod Amazonie (Extrait du documentaire Iwokrama http://youtu.be/M2NBGepNZ60 )