À en croire le général Augusto Heleno, homme de confiance de Bolsonaro, l’Amazonie serait la principale priorité du futur gouvernement.
Objectif: mettre la plus vaste réserve de ressources naturelles de la planète à l’abri de la convoitise internationale. [AmazôniaReal - Extraits]

En 2009, quittant le commandement militaire de l’Amazonie légale — environ 60 % du territoire national — Augusto Heleno avait rappelé son attachement à la doctrine de sécurité nationale : « L’Amazonie brésilienne nous appartient. Aucun pays au monde n’est moralement qualifié pour [nous] donner des leçons en matière de protection de l’environnement. » Pour ce général, il revient aux forces armées de garantir à la fois l’intégrité du territoire et le développement régional, comme dans les années 60 et 70.
Au cours de sa mission, il avait dénoncé la politique de maintien et d’expansion des territoires indigènes dans les zones frontalières amazoniennes. Il s’était notamment opposé à la démarcation de la réserve Raposa-Serra do Sol des Yanomamis, dans le Roraima. En vain. Il a plaidé la cause des escadrons d’infanterie de la jungle : « En Amazonie, nous disposons des meilleurs soldats au monde. Environ 60 % sont d’origine autochtone. Ils maîtrisent la jungle comme personne. » Bien qu’il juge la politique fédérale en Amazonie « chaotique », il approuve l’installation d’unités militaires dans tous les territoires indigènes. « Une bonne chose, mais nous devons privilégier la qualité, notre capacité de projection et moderniser nos unités. »
Augusto Heleno préconise également un meilleur suivi et contrôle des ONG étrangères afin d’empêcher le biopiratage, l’ingérence internationale dans les affaires indigènes et la vente des terres amazoniennes. Un point de vue partagé à travers l’histoire par tous les présidents brésiliens élus ou issus de la junte militaire. Selon un ex-ministre de Lula, « la plupart des 100 000 ONG opérant en Amazonie ne respectent pas leurs objectifs statutaires et sont susceptibles de menacer la souveraineté nationale. » Un projet de loi est actuellement en cours d’élaboration. Pour obtenir le droit de travailler en Amazonie légale, les étrangers, ONG et autres institutions internationales, missions religieuses incluses, seront soumis à la double autorisation expresse des ministères de la Défense et de la Justice. Sans elle, tout résident étranger sera expulsé du pays. Au Brésil, droite et gauche s’accordent unanimement pour dénoncer « la convoitise internationale », un danger permanent qui rôde dans la grande forêt.

Déforestation, conflits sociaux et agraires
Augusto Heleno a accompagné Bolsonaro lors de sa campagne à Marabá dans le sud du Pará, région où le Parti communiste du Brésil avait installé un mouvement de guérilla à la fin des années 60. En riposte, l’armée y avait expédié plus de 2 000 soldats. Leur nombre a doublé depuis. C’est un vaste territoire marqué par la déforestation, les conflits sociaux et agraires. Les activités minières et forestières, l’élevage et l’agriculture autour de la « province minérale » de Carajás attirent les migrants en grand nombre. L’État est défaillant, les services publics fonctionnent mal, la violence s’intensifie. C’est probablement ce vide institutionnel à Marabá que le général Augusto Heleno veut combler.

 Légende Photo: Le Président Bolsonaro et Augusto Heleno Pereira, futur ministre du Cabinet de Sécurité institutionnelle (son futur secrétaire de la sécurité), général retraité de l’armée, quittent le siège du gouvernement transitoire pour rencontrer les autorités à Brasília le 20 novembre 2018. Photo par Evaristo Sa/AFP