L’interdiction de toute activité économique en terre indigène est une décision du législateur brésilien qui n’a pas pour autant fait cesser l’orpaillage, et la présence actuelle de 1500 garimpeiros dans la réserve yanomami constitue une violation des droits des peuples autochtones : telle est la teneur du message que la députée de l’Amapá, Janete Capiberibe, accompagnée d’un groupe de parlementaires et de militants indigénistes, a adressé aux membres des commissions Amazonie, Intégration nationale et Développement général et Droits humains et Minorités réunies en audience publique à la Chambre des députés le 27 octobre dernier. Ensemble ils ont exhorté le gouvernement à en finir une fois pour toutes avec l’orpaillage illégal, exigeant l’expulsion des contrevenants, le démantèlement des réseaux et l’interdiction du commerce de l’or non traçable. Un représentant amérindien a même menacé de saisir le tribunal de La Haye, agitant le spectre du massacre de Haximu, où 16 Yanomamis furent assassinés par des chercheurs d’or en 1993. Au cours de la réunion, il a été proposé la création, au sein de la Police fédérale, d’un service de renseignements opérant en synergie avec le Trésor Public, l’autorité environnementale, l’aviation civile et le système de surveillance de l’Amazonie ; il permettrait par exemple une interception plus rapide des avions sans ou hors plan de vol établi. Quant aux élus du Roraima, qui n’ignorent pas l’implication de certains entrepreneurs locaux dans l’orpaillage illégal, ils soutiennent que les ONG sont corrompues, la politique indigène inefficace, le gouvernement négligent envers les minorités, et défendent l’exploitation minière sur les terres indigènes dans le cadre d’un projet de loi actuellement en discussion à la Chambre basse. En cas d’adoption, les opérateurs pourraient s’installer avec le consentement des Amérindiens, à l’exclusion des zones où vivent les tribus isolées. Mais c’est sans compter sur l’intransigeance des Yanomamis, qui refusent tout type d’activité économique sur leur territoire si elle n’est pas le fait d’un membre de leur communauté.

Photo de François-Michel Le Tourneau : Filage du coton dans un village yanomami