Renforcer le dialogue entre les aires protégées des trois Guyanes et capitaliser les meilleures expériences. Voilà le principe de RENFORESAP, un programme sur trois ans piloté par le Parc amazonien de Guyane. Début octobre, le programme RENFORESAP a été officiellement lancé à Paramaribo, au Suriname. Porté par le Parc amazonien de Guyane, ce dispositif vise à renforcer le dialogue entre les aires protégées des trois Guyanes et capitaliser les meilleures expériences. Il est réalisé en partenariat avec la commission des aires protégées du Guyana, le Ministère de la Planification Spatiale et de la Gestion des ressources terrestres et forestières & le Ministère du Développement Régional du Suriname.Durant trois ans, Sevahnee Pyneeandy, coordinatrice du programme, se rapprochera des acteurs de la biodiversité des trois territoires. Objectif: consolider les différents réseaux et voir les différentes organisations mises en place.« On va répertorier ce qui marche bien dans les trois pays et essayer de s’en inspirer. Mais on va aussi avoir un regard critique sur ce qui ne marche pas pour pouvoir trouver des solutions aux problématiques communes aux trois pays. »“C’est un projet qui se veut très ouvert à l’ensemble des acteurs intéressés par la gestion des aires protégées, précise Arnaud Anselin, à la tête du Parc amazonien de Guyane. Au delà des partenaires institutionnels, on va travailler étroitement avec, pour la Guyane, l’ensemble des gestionnaires d’aires protégées, et également les grandes ONG internationales qui travaillent sur ces questions, dans les pays voisins notamment : Conservation International, Amazon Conservation Team, le WWF. Les bonnes volontés, toutes les personnes expertes, associations ou établissements publics, sont invités à s’associer.”

Des thématiques concrètes

Si des rencontres et des échanges ont déjà eu lieu, par le passé entre les trois Guyane, désormais, il faut mener plus loin la réflexion, selon Arnaud Anselin. “L’ambition est de passer à un niveau supérieur, d’arriver vraiment à travailler ensemble sur des sujets techniques communs, d’arriver à se connaître, d’arriver à comprendre comment chacun des pays est organisé sur ces questions de gestion de la biodiversité. Je pense que ce projet correspondait à une attente forte de tous ces acteurs.” Quatre thématiques ont été retenues pour mener à bien le programme RENFORESAP: l’écotourisme, la science participative pour la gestion durable des ressources naturelles, les stratégies de lutte contre les menaces liées à l’orpaillage illégal et la transmission des patrimoines culturels vivants. Pour le lancement officiel du programme, à Paramaribo, une soixantaine de personnes se sont réunies. Parmi elles, Denise Fraser, responsable de la Commission des aires protégées du Guyana. « Le Guyana fait partie du GSF*, tout comme la Guyane et le Suriname, en ce qui concerne notre biodiversité et nos écosystèmes. Nous partageons aussi des problématiques similaires pour ce qui est de nos aires protégées. Nous avons nous aussi des problèmes liés à l’orpaillage illégal sur les aires protégées. Toutes nos aires protégées sont aussi entourées de villages indigènes et une partie de notre travail est de nous assurer que les personnes autour des aires protégées bénéficient de cette protection… À travers le programme RENFORESAP, nous espérons partager nos expériences et nos problématiques sur des sujets communs aux trois Guyanes. Je suis persuadée que cela va vraiment être utile. » Responsable de la Gestion forestière au Suriname, Hesdy Esajas tient le même discours. « Plus de 40% de la surface du Suriname est couverte d’aires protégées et la forêt couvre beaucoup de notre territoire. C’est important de garder l’écosystème qui est en place mais le développement implique aussi une augmentation des activités humaines. Alors, bien sûr, cela a un impact sur la forêt, la faune et la flore. Nous devons faire en sorte que les activités n’aient pas autant d’impact sur les écosystèmes. Parce que ce que nous voulons, au maximum, c’est garder notre écosystème en bonne santé, et notre forêt en bonne santé. Pour ça, nous avons besoin de toute l’aide possible. Il peut y avoir des échanges d’expériences. Si un pays à réussi quelque chose, l’autre peut en bénéficier. Nous pouvons aussi unir nos efforts pour la recherche. Il y a encore beaucoup de recherche à faire sur la biodiversité. »

 

*Le Guyana Shield Facility, est un dispositif de financement multi-donateurs pour la conservation des écosystèmes du plateau des Guyanes.

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Repères

D’un montant total de 662 000 euros pour une durée de trois ans, le projet RENFORESAP est financé à hauteur de 75 % par des fonds européens via le PCIA (Programme de coopération Interreg Amazonie). Porté par le Parc amazonien de Guyane, il associe les aires protégées du Plateau des Guyanes* ainsi que plusieurs organisations internationales de protection de la nature: Conservation International, WWF, Amazon Conservation Team, Frankfurt Zoological Society.

Rencontre à Weg naar Zee

Pour clore les trois jours de lancement du programme à Paramaribo, les trois délégations se sont rendues à Weg naar Zee, au nord de Paramaribo, à la rencontre de Sieuwnath Naipal. Ce professeur d’hydrologie à l’Université de Paramaribo travaille avec les habitants pour replanter la mangrove et freiner l’érosion du littoral. Retrouvez ici l’article sur le professeur Sieuwnath Naipal: http://www.une-saison-en-guyane.com/?p=25904

Légende Image de Une:

Anne Mathieu, représentante de la CTG au Suriname, Arnaud Anselin, directeur adjoint du Parc amazonien de Guyane, Hesdy Esajas, responsable de la Gestion forestière au Suriname, Claude Suzanon, président du Parc amazonien de Guyane, Antoine Joly, ambassadeur de France au Guyana et au Suriname, Minu Paraohoe, d’Amazonian Conservation Team, Sydney Charles Allicock, vice-président du Guyana et ministre des Affaires indigènes, Sheila Marhé, de Conservation international Suriname, Denise Fraser, responsable de la Commission des aires protégées du Guyana, Armstrong Alexis de l’UNDP (United Nation Development Suriname), Wilco Finisi, secrétaire général du Ministère du développement du Suriname, Laurens Gomes du WWF Guianas, Odacy Davis, de la Commission des aires protégées du Guyana et Patrick Chesney du Guiana Shield Facility.