Parce qu’elles sont souvent alarmantes, émouvantes, les mauvaises informations circulent plus vite que les bonnes. Point par point, voici les explications pour vous ré-informer en plus de vous informer lorsque vous êtes désinformés !

• Deux bateaux de croisières néerlandais arrivent en Guadeloupe, 2 avril 2020 - FAUX

Non, aucun bateau de croisière n’accoste en Guadeloupe en période de confinement, et ce, depuis le 14 mars. La préfecture dément cette information. Un arrêté du ministère de la Santé interdit, aux navires de croisières et aux navires à passagers transportant plus de 100 personnes (…) de faire escale ou de mouiller dans les eaux intérieures et les eaux territoriales des départements d’Outre-Mer.

• Le moustique transmet le covid-19, mars 2020 FAUX

La piqûre de moustique ne transmet pas le covid-19. L’Agence régionale de santé de Guadeloupe annonce « qu’au stade des connaissances actuelles, la virémie (présence du virus dans le sang, NDLR) est quasi nulle ». La maladie ne se « transmet donc pas via le moustique. En revanche, les précautions à prendre, pour éviter de se faire piquer et lutter contre la dengue, restent

d’actualité ».
Donc, non de l’insecticide ne sera pas pulvérisé, sur la Guadeloupe, la nuit, comme l’annonçait une femme dans un audio diffusé sur WhatsApp, en mars dernier.

• Du vinaigre et du sel contre le virus, mars 2020 - FAUX

Le vinaigre, le sel et l’eau tiède ou encore l’armoise annuelle (artemisia annua) ne sont en aucun cas des remèdes contre le virus. Il faut même éviter, selon le Pr Roger, chef du service infectiologie du CHU de Guadeloupe. L’Organisation mondial de la santé, précise que « les remèdes occidentaux, traditionnels ou domestiques peuvent apporter du confort et soulager les symptômes de la COVID-19 mais rien ne prouve que les médicaments actuels permettent de prévenir ou de guérir la maladie ». L’OMS ne recommande de prendre aucun médicament, y compris « les antibiotiques, en automédication pour prévenir ou guérir la COVID-19. Cependant, plusieurs essais cliniques de médicaments occidentaux ou traditionnels sont en cours ». Selon les recommandations ministérielles, le seul médicament est le paracétamol. Des tests existent, mais ne sont pas encore validés scientifiquement. L’ARS ajoute qu’ « il ne faut pas utiliser d’anti- inflammatoire. Le risque de s’auto-médicamenter est de créer des effets indésirables. La prévalence de l’hypertension artérielle est élevée en Guadeloupe », l’ARS déconseille alors « une prise de sel qui est déjà largement excessive ». 

• Les patients d’un médecin de Guadeloupe recherchés, 19 mars 2020— FAUX

Parfois, une mauvaise information se répand pour de très bonnes intentions, celles de sauver le plus de monde. Aux alentours du 19 mars, toujours sur cette application mobile très utilisée en Guadeloupe, un simple texte indique que « l’ARS recherche toutes les personnes ayant été en contact » avec un docteur en Grande-Terre (…), « le médecin ayant été testé positif au coronavirus. » Le message a alors très vite circulé, accompagné d’une courte phrase « Il s’agit de nous tous ! » Pourtant, jamais l’Agence régionale de santé n’a écrit cet appel. Elle ne transmet jamais ce genre d’information strictement confidentielle. Les conséquences ont été lourdes à gérer au sein du cabinet. Exaspéré et blessé, le médecin en question, aujourd’hui guérit du covid-19, ne souhaite plus régir à cette rumeur, et demande « le respect du secret médical et des personnes. C’est de la délation et de la stigmatisation. C’est gravissime de parler au nom de l’ARS. Ça a fait l’effet d’une bombe sur la commune ! Il faut que les auteurs de cette fake news,

volontaires ou non, se rendent compte du mal qu’ils ont fait. Ils risquent une peine, pour usurpation et préjudice moral, l’enquête est en cours ». À savoir, l’ARS, qui est un établissement public administratif de l’état, informe par communiqué la plupart du temps en export PDF signé et logo-typé. Un indice qui peut aider à repérer les fake news.

• 25 cas covid-19 à la clinique Choisy au Gosier, 12 mars 2020 - FAUX

Comme souvent, il est difficile d’identifier l’origine d’un potin, bitin. L’audio circulant sur l’application WhatsApp dès le 12 mars, ne donnait que très peu d’information : un nombre de cas et le nom d’une clinique. Un homme parle : « En tant que virologue, à Choisy les cas sont avérés. Il y a 25 patients touchés et le problème, c’est qu’il y a énormément de personnel et de médecins confinés ». Aucun détail ne permet de savoir si cela se passe bel et bien en Guadeloupe, si ce n’est le chant des grillons ou de crapauds qui pourraient peut-être induire une localisation. . Or, « il n’y a pas de virologue à la clinique de Choisy », précise Sébastien Tournebize, le directeur général de l’établissement de santé du Gosier. Selon lui, « ce n’est pas un médecin qui parle, il n’utilise pas les termes médicaux. Au sein des équipes, ce message nous a surpris. Nous avons mis assez tôt, avant la mi-mars, les gestes barrières ». Jusqu’à ce jour, aucun cas de covid-19 n’a été recensé dans les locaux de la clinique de Choisy, au Gosier.

La rumeur aurait pu être liée à une confusion entre différents établissements portant le même nom. Mais ce n’est pas le cas. Contactée, la direction de la Clinique de Choisy Ramsay Santé, située dans le département du Val-de-Marne, a répondu « Nous n’avons pas connaissance d’une telle information. La personne qui parle dans l’enregistrement audio, dont l’identité n’est pas vérifiée, a cité « Choisy », sans préciser s’il s’agissait de l’établissement ou la ville. À notre niveau, nous ne pouvons vous communiquer d’autres informations. » Respect du secret médical oblige ! L’Agence régionale de santé de la Guadeloupe a eu connaissance de cette rumeur un jour après, via l’échange « live » sur les réseaux et rappelle, « que le lendemain, le 14 mars, le nombre de cas positifs dépistés était de 5 en Guadeloupe. C’était donc bien une fake news ».

Une plateforme s’implique contre les fake news

Très utilisée aux Antilles, WhatsApp a noté depuis le confinement « une hausse significative des transferts, que les utilisateurs trouvent trop nombreux, et qui peuvent contribuer à la propagation de fausses informations ». L’application, propriété de Facebook, a depuis le 7 avril, modifié ces paramètres de transferts de messages pour les limiter à une personne. Les envois groupés ne sont plus possibleS, et ces messages sont désormais « marqués d’une double flèche pour indiquer qu’ils ne proviennent pas d’un contact direct » précise la plateforme dans un communiqué.

Pour une bonne désinfox :

Avec les médias anti-intox : -Les décodeurs du Monde -AFP Factuel

Avec les youtubeurs anti-fake : -Defakator, -e-Penser, -Canal Detox, Inserm, -La tronche en biais