Micro hydro – Station des Nouragues

La station scientifique des Nouragues du CNRS est située sur l’un des inselbergs de la réserve naturelle des Nouragues, commune de Régina. Cette station d’études qui peut accueillir jusqu’à quinze personnes, est approvisionnée en électricité par une « micro turbine d’une production maximale de 10 KW » explique Philippe Gaucher, le directeur technique des stations de terrain du CNRS Guyane. Inaugurée en 2005, la micro-centrale a été installée sur le cours d’eau qui enregistre un dénivelé de près de 40 mètres. « Pour nos installations relativement légères, c’est un outil extraordinaire qui nous permet d’avoir une salle sèche, une étuve, des congélateurs, des microscopes…  Nous avons un générateur pour pallier les défaillances de cette turbine et nous devons également rénover le parc solaire car une panne prolongée est toujours possible » complète Philippe Gaucher.

Micro hydro – Hydroliennes à Camopi

C’est à Camopi que sera implantée une « première mondiale », l’hydrolienne fluviale à flux transverse. L’idée est d’équiper des hameaux isolés pour substituer aux petits groupes électrogènes une « énergie verte ». L’hydrolienne est une barge flottante équipée d’une roue qui transforme l’énergie cinétique du courant en énergie électrique. En avril, un test sera mené sur le splendide site de l’îlet Moulat situé à quelques centaines de mètres du bourg. Si les six mois d’essai sont probants, la première machine de production sera implantée sur Maripa 2 pour une capacité de « 50 KW ». Un aménagement du site accompagnera la mise en fonctionnement : les pirogues devront emprunter un chenal de quatre mètres de fond et cinq de large ; des lignes aériennes raccorderont la barge au réseau électrique ; une signalisation nocturne lumineuse par « LED et solaire » sera installée. Si l’hydrolienne de Camopi est concluante, cette technique pourrait être étendue à d’autres écarts.

Petite hydro – Sur la Mana


Saut Maman Valentin est la première centrale au fil de l’eau de Guyane. Sa mise en route opérationnelle remonte à décembre 2011. Elle est dimensionnée pour produire 4,5 MW en valeur maximale, « l’équivalent des besoins de 15 000 habitants ». Un an après sa mise en route, l’ouvrage de « 17 millions d’euros » répond partiellement aux attentes selon Voltalia qui évoque même « un loupé ». « Techniquement l’ouvrage fonctionne très bien mais en 2012 la pluviométrie a été extrêmement importante sur le premier semestre, et le second a connu une sécheresse prononcée » regrette Alain Cyrille, le directeur du développement.
Ces situations extrêmes, qui ont surpris l’administration et l’opérateur, auraient ainsi perturbé la chute d’eau et le débit, entraînant l’arrêt de fonctionnement des turbines pendant « vingt cinq jours cumulés ». Pour s’extraire de tels aléas, les experts envisagent de construire un seuil, soumis à une nouvelle étude d’impact.

Petite hydro – Un projet sur l’Approuague

Les sauts Mapaou et Athanase emboitent le pas à la Mana. Un dossier a été déposé en mai 2012 à la Direction de l’environnement et de l’aménagement. Contrairement à Saut Maman Valentin, cette nouvelle centrale au fil de l’eau s’accompagnerait de l’excavation d’un canal de dérivation, conservant ainsi « la majeure partie du lit du fleuve intact » selon l’opérateur. Le saut Athanase sera en revanche « modifié » pour « gérer les débits réservés et les passages des embarcations ». La mise en service est espérée pour 2017.
Situé à six kilomètres en amont, le Saut Mathias est aussi regardé avec attention, mais le dossier est moins abouti. D’autres chutes pourraient connaître le même destin, car l’idée de Voltalia est de « pouvoir sortir une centrale par an pour la Guyane » à compter de 2016, pour qu’à « l’horizon 2020-2025 » la petite hydro apporte « 60 MW », soit 300 GWh pour des besoins tendanciels estimés par EDF à quasiment 1200 GWh.

Petite hydro – Saut Bief à l’arrêt

Le saut Bief, où aiment nager les riverains de Cacao le week-end, est aussi sur la liste de Voltalia. L’idée consisterait à se greffer sur la roche existante élevée d’un seuil pour atteindre « quatre mètres » de chute. Selon le dossier présenté en consultation publique, une surélévation du lit mineur est prévue pour créer un plan d’eau de « 56 hectares ». Equipé d’un chenal pour les pirogues et de passes à poissons, le plan d’eau s’échelonnerait sur sept bassins successifs, séparés par des sauts artificiels de quarante-cinq centimètres. Lorsque Voltalia avait présenté le projet aux citoyens et aux collectivités, il évoquait la création d’une plage artificielle sur la retenue d’eau. Mais aujourd’hui, deux grains de sable bloquent le projet. « Le raccordement » est impossible en raison de l’état du réseau EDF qui ne pourrait supporter l’injection de 2,1 MW supplémentaires ; le plan de prévention des risques d’inondation « qui n’a pas été formellement réglé, faute à un blocage administratif ».

L’eau pour éclairer les maisons isolées

En 2008, dans le cadre de la révision du Schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux de Guyane, une étude sur le potentiel hydroélectrique de la Guyane avait été menée. 817 sites avaient alors été identifiés. L’idée de l’Office de l’eau est de compléter cette étude en prospectant sur les deux fleuves frontaliers, autour de 49 sites isolés comptant chacun entre cinquante et plus de cent habitants, pour évaluer le potentiel de la petite hydroélectricité. Il en est de même pour la prospection du potentiel des hydroliennes. En site isolé, une famille ne disposant pas encore d’électricité aura besoin dans les premières années d’1 KW.

Les opposants à la petite hydro

Parfois, l’installation d’ouvrages d’hydroélectricité dite “ énergie verte ” pose des problèmes au voisinage. C’est le cas des sauts de l’Approuague. Pour Jean-Pierre Caira, conseiller municipal à Régina, les projets de Voltalia « se trouvent sur des sites touristiques, qui génèrent une activité estimée à 500 000 euros de chiffre d’affaires ». Il juge que si le projet voyait le jour il nuirait aux activités et invaliderait l’orientation prise par la commune de Régina de « renforcer son positionnement sur le tourisme et la conservation du patrimoine », pour lesquels « 2,4 millions d’euros » ont été alloués par l’Europe.
A Saut Bief, l’association de riverains Bagot 973 s’oppose au projet. Elle estime que la construction d’une centrale perturberait le niveau des eaux jusqu’à « quinze kilomètres » en amont, contre « deux cent mètres » selon l’étude d’impact de Voltalia. De tels mouvements de grogne pourraient se répéter dans la mesure où une centrale au fil de l’eau n’est envisageable que si elle se situe à une vingtaine de kilomètres des bourgs et réseaux existants.Or ces zones d’embouchure sont aussi les bassins des activités de tourisme nature et d’implantation des populations.

Par Marion Briswalter
Photos P-O Jay et Voltalia