Le désastre engendré par les grandes quantités de plastique qui imprègnent le littoral guyanais est si intense que des fines particules ont été retrouvées dans le corps de fourmis des Nouragues. Cette réserve naturelle qui héberge une station scientifique du CNRS est pourtant isolée en pleine forêt amazonienne, à 150 km du littoral guyanais. Les polluants incriminés sont partout sur le globe, ils ont aussi été retrouvés en plein Arctique. Ce sont les phtalates. « On a montré un gradient de pollution. Quand on se rapproche des zones urbaines, la quantité de phtalates sur les fourmis augmente. Le plastique seul est très rigide et cassant. Pour le rendre plus souple, on y ajoute ces phtalates. Le problème est que la liaison phtalate-plastique n’est pas très stable. Les phtalates se détachent du plastique et se fixent sur la cuticule des insectes, la peau humaine. Ils s’évaporent dans l’atmosphère. » explique Alain Lenoir (CNRS Guyane) qui a aussi retrouvé le même phénomène « chez des abeilles et des grillons » ailleurs dans le monde. À l’échelle humaine, la dose correspondrait à « 70 mg pour un humain de 70 kg. Quand on sait que les perturbateurs endocriniens agissent dans ces doses très faibles, cela reste un grand danger ».

 

Texte de Marion Briswalter

Photo de Guillaume Feuillet