Le site collaboratif http://faune-guyane.fr/ rassemble des données sur la faune guyanaise. Oiseaux, mammifères, reptiles… chaque animal y trouve sa place. Que vous soyez naturaliste amateur, expert ou néophyte, vous pouvez alimenter la base de données de vos observations personnelles. Ce site, administré par l’association Gepog, le Groupe d’étude et de protection des oiseaux de Guyane, rend la science accessible au plus grand nombre !

Nyls de Pracontal, directeur du Gepog, tourne la tête vers l’arbre qui se trouve à côté de lui. Un kikiwi, un petit oiseau au poitrail jaune, est perché sur une branche. « Vous pouvez vous rendre sur le site faune-guyane, vous inscrire et noter cette information. C’est accessible à tous et simple d’utilisation. Il suffit de regarder autour de soi. Dans une journée, combien d’oiseaux voyez-vous ? Et des insectes, des amphibiens ? En Guyane, la nature est visible jusque dans les centres-villes, elle est partout. »

Ce projet est une des actions transversales du LIFE+ CAP DOM, le programme de gestion, de connaissance et de protection d’espèces d’oiseaux et d’habitats menacés à la Réunion, à la Martinique et en Guyane. Le site faune-guyane, géré en Guyane, a pour but d’initier le grand public à la démarche scientifique mais aussi de renseigner la connaissance directe des espèces, principalement leur reproduction. « Nous n’avions que très peu d’informations sur les oiseaux de Guyane. Les observations indiquées sur le site permettent d’apprendre où ils nichent, combien de portées ils ont… Elles permettent aussi de montrer visuellement, par le biais de cartes qu’on construit en rassemblant les données, l’évolution de la biodiversité », précise Nyls de Pracontal. Ainsi, les évolutions des espèces sur le long terme pourront être mises en lumière. Les données ajoutées aujourd’hui sur le site continueront à avoir une utilité scientifique dans 20 ans.

Le site est ouvert à toute la faune de Guyane, sauf les libellules et les poissons. Mais les contributions concernent principalement les oiseaux. Ils attirent plus de naturalistes amateurs et ils sont aussi plus faciles à observer. « Il y a environ 730 espèces d’oiseaux en Guyane. Il y a beaucoup moins de reptiles, de mammifères etc., c’est plus rare d’en croiser. Chaque jour par contre on voit des dizaines d’oiseaux », souligne le directeur du Gepog, en montrant du doigt le kikiwi, toujours posé sur une branche. A la fin de l’année 2015, 92% des données entrées dans la base du site concernaient des oiseaux ! Autre chiffre important, juste sur l’année 2015, il y a eu 64 000 observations inscrites. Olivier Claessens, membre de l’équipe du Gepog, insiste. « Ce sont des données sur tout le territoire guyanais, pas seulement à Cayenne et à Kourou. On se rend alors compte des répartitions des espèces. Grâce à ce site et à la participation des gens, nous avons de nombreuses données, bien plus que s’il n’y avait que des spécialistes. » Mais demander la participation de non-spécialistes présente des risques d’erreurs et de mauvaises identifications. Selon Olivier Claessens, ces risques sont facilement contournables. « Si les gens ont un doute sur une espèce, ils peuvent regarder sur le site du Gepog où il y a une photothèque importante. Il existe aussi des groupes de discussion où on peut montrer des photographies et demander des conseils. » Nyls de Pracontal ajoute :  « Sur le site faune-guyane, il y a des fiches d’aide à l’identification. Pour l’instant, elles ne sont pas très nombreuses mais nous allons les compléter. Et il y a surtout le comité de validation des données. Chaque observation est vérifiée par des experts bénévoles. S’il y a un doute, il y a un retour avec le contributeur jusqu’à ce que l’incertitude soit dissipée ». C’est aussi l’opportunité de briser les barrières entre spécialistes et amateurs naturalistes. Ce site permet à chacun de se connecter avec des professionnels et d’approfondir ses connaissances dans une optique de partage.

Pour simplifier l’ajout des données sur le site, une application mobile, accessible avec ou sans connexion, est proposée aux utilisateurs. « Il suffit de se connecter avec son GPS et noter ses commentaires et ses observations. C’est gratuit et ça s’appelle NaturaList« , explique Nyls de Pracontal. Il continue : « Même sans être spécialistes, les gens peuvent se rendre utiles à la science. C’est gratifiant ». Son collègue Olivier Claessens ajoute : « Il y a déjà 550 inscrits et beaucoup qu’on ne connait pas, qui ne font pas partie des cercles naturalistes. Les gens sont donc intéressés par ce projet ! On sait qu’il y a un engouement du public pour participer et un besoin des chercheurs d’obtenir un grand nombre de données, ce qui est possible avec la coopération de non-spécialistes. » La science participative en Guyane semble donc avoir de beaux jours devant elle !