Une étude récemment publiée dans la revue scientifique « Energies » jette un pavé dans la mare des promoteurs de barrages en milieu amazonien1.

 En décortiquant la politique brésilienne en la matière, les scientifiques révèlent deux biais importants dans la logique de promotion des barrages : la sous-estimation systématique des enjeux écologiques (les sites concernés étant souvent sous-étudiés avant leur ennoiement), et la topographie inadaptée, les larges plaines amazoniennes proposant une potentialité très faible de production hydroélectrique, en comparaison avec les dégâts irréversibles engendrés en termes de perte de puits de carbone, et de dégagement de gaz à effet de serre.

Les barrages en milieu amazonien (tel que celui de Petit-Saut en Guyane), établis sur des reliefs  faibles,  ennoient  de  larges  zones  de  forêt  primaire,  entraînant  des  émissions massives de gaz à effet de serre (GES), essentiellement du méthane. Ainsi, les chercheurs ont calculé que si l’ensemble des barrages envisagés devaient voir le jour en Amazonie, leurs  émissions  de  GES  représenteraient  172%  des  émissions  brésiliennes  liées  aux énergies fossiles en 2010. En parallèle, les chercheurs rappellent que les productions électriques de ce type déclinent inévitablement du fait de la sédimentation au niveau des turbines. Ils notent par ailleurs que les prédictions d’impact des changements climatiques indiquent une baisse attendue de la pluviométrie, et par conséquent de la productivité potentielle de ce type d’ouvrage.

Selon  les  auteurs,  les  alternatives  aux  vieux  modèles  de  type  barrage  sont  réels :  la production photovoltaïque coûte 30 à 40% moins cher dans le contexte amazonien que l’hydroélectricité issue de gros ouvrages. Enfin, ils indiquent que, si des études plus complètes étaient réalisées et intégraient l’ensemble des conséquences sociales et environnementales de la construction des barrages, il deviendrait alors difficile d’argumenter en  leur  faveur.  A  l’inverse, seuls  des  calculs  sur  le  court  terme,  minorant  les conséquences irréversibles, peuvent encore aujourd’hui tenter de justifier ce type de choix.

En conclusion, les chercheurs insistent sur le besoin d’un changement de perspective politique, réellement tourné vers des solutions innovantes et modernes. Une rupture avec les vieux mythes liant production hydroélectrique et bonne santé économique, basés sur des suppositions erronées mais encore répandues, est aujourd’hui nécessaire.

L’étude est disponible en ligne  ici.

WWF, bureau Guyane. 05 94 31 38 28

False Shades of Green Case of Amazonian Hydropower by Une Saison En Guyane

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Photo :  le chantier du barrage Belomonte sur le Xingu au Brésil (Para) – P-O Jay – Novembre 2012

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