maiouri-logo-geneSMLETTRE OUVERTE & REPONSE A L’INVITATION DES PROMOTEURS DU PROJET DE LA MONTAGNE D’OR

 Il y a peu, les dirigeants de Colombus/Nordgold nous ont invités à rencontrer les délégués à « l’Environnement et au Développement durable » de la multinationale, et ce, dans le cadre de l’étude de faisabilité du projet minier de la Montagne d’or. 

http://www.arte.tv/guide/fr/050769-000-A/dirty-gold-war-de-la-mine-a-la-vitrine?autoplay=1

Nous n’avons pas jugé utile d’honorer cette rencontre pour les raisons qui vont suivre. Nous leur demandons néanmoins d’enregistrer nos remarques dans le rapport du bureau d’étude international WSP, prestataire du consortium minier, dans le cadre de l’étude d’impact environnemental et social des parties prenantes.

MAIOURI NATURE GUYANE a vu le jour lors du projet IAMGOLD qui envisageait extraire 30 tonnes d’or de la montagne de KAW. Après 2 ans de lutte au sein d’un collectif citoyen, l’Etat a annulé ce projet en janvier 2008, pour 35 bonnes raisons que nous n’avions pas cessé de revendiquer.

La Guyane est la seule partie de l’Europe à posséder une forêt tropicale primaire à la biodiversité d’une richesse incomparable, qui reste, encore en partie, à découvrir et exige d’être protégée. Autoriser un complexe minier de l’envergure envisagée dans une vallée séparant deux Réserves biologiques intégrales (de Lucifer à Dekou-dekou) est une aberration écologique.

Depuis bientôt 10 ans, nous ne cessons de suivre et d’enregistrer, en provenance du monde entier, tant des scientifiques,journalistes ou associations, l’impact mortifère et les dégâts irréversibles de l’Extractivisme minier, une exploitation qui n’a jamais développé les pays dans lesquels il s’est implanté. Du Pérou à la Creuse, la résistance s’organise.

 

Les dénonciations arrivent même de Rome. S’adressant à plus d’un milliard de personnes, le Pape François, dans son Encyclique sur la Sauvegarde de la maison commune, s’exprime sur les limites du capitalisme : « Nous constatons que souvent les entreprises qui agissent ainsi sont des multinationales, qui font ici ce qu’on ne leur permet pas dans des pays développés ou du dénommé premier monde.
Généralement, en cessant leurs activités et en se retirant, elles laissent de grands passifs humains et environnementaux tels que le chômage, des populations sans vie, l’épuisement de certaines réserves naturelles, la déforestation, l’appauvrissement de l’agriculture et de l’élevage local, des cratères, des coteaux triturés, des fleuves contaminés et quelques œuvres sociales qu’on ne peut plus maintenir ».
 (#51).

 

La France qui, lors de la COP21, a invité les dirigeants du monde entier à engager la transition énergétique face au réchauffement climatique, ne saurait accepter un projet qui générera un maximum de gaz à effet de serre (GES) pour se fournir en électricité, une saignée de 120 km à travers la jungle pour une ligne haute tension, la création d’un barrage trois fois plus grand que celui de Petit-Saut, d’une usine alimentée en bois de forêt primaire, d’une route élargie et bitumée, source de destructions supplémentaires, sans compter le gaspillage d’immenses quantités d’eau et les séquelles de l’après-mine parfaitement connues, recensées et prévisibles (D.A.M, les ruptures de digues etc…).

Par ailleurs ce projet ne correspond à aucun besoin vital pour les populations car utilisé principalement pour la bijouterie. En effet, les coffres de la Banque de France recèlent plus de 2500 tonnes d’or. Largement de quoi alimenter les besoins de l’électronique, nanomedecine et dentisterie.

Voyons de plus près quelques points fondamentaux :

Le titre minier de la Montagne d’or situé à 120 km de St-Laurent-du-Maroni est détenu par la multinationale canadienne, junior (1), Colombus Gold. La production serait gérée par une autre multinationale, dite Major (1)NordGold d’origine et à capitaux russes, dont le siège est à Moscou, mais est opportunément immatriculée aux Pays-Bas. Elle exploite des mines d’or, dans un premier temps uniquement en Russie, puis elle a étendu ses activités au Kazakhstan, en Guinée, au Burkina Faso et au Canada. Nordgold est cotée à la Bourse de Londres depuis 2012. Au Burkina Faso, elle possède la mine de Bissa et une autre mine à Taparko.

 


Un passif social et environnemental dénoncé au Burkina Faso

Les agissements de cette société russe a fait l’objet d’une enquête puis d’un rapport, à l’initiative de « Action de Carême », une ONG catholique (*), basée en Suisse, qui dénonce régulièrement les exactions de l’industrie aurifère dans le monde. Dans un rapport de février 2016, elle présente, en détail, le cas de deux mines du Burkina Faso, dont l’une est la propriété d’IAMGOLD et l’autre, de NORDGOLD. Le bilan est sans appel : ces mines sont le théâtre de violations des droits humains et de dommages sur les milieux naturels. « L’or ne brille pas pour tout le monde de la même manière. Dans beaucoup d’endroits, l’exploitation aurifère détruit les bases de l’existence de

populations, porte atteinte aux droits humains ». En conclusion, l’ONG déclare: « Les sociétés minières présentes au Burkina Faso, en l’occurrence IamgoldNordgold et Amara Mining, ont une grande responsabilité dans les violations des droits humains que nous avons exposés ».

 Pour rappel, Iamgold célèbre pour son projet avorté de mine d’or à ciel ouvert sur la montagne de Kaw (Guyane), possède encore des centaines d’hectares de concessions minières en Guyane, qu’elle espère bien exploiter.

Des méthodes d’exploitation aberrantes

A force de dynamitage et raclage par des engins de chantiers gigantesques, on va extraire puis broyer la roche dans des concasseurs très énergivores. Le contenu fera ensuite l’objet d’un complexe processus de cyanuration (cyanure et bien d’autres produits chimiques) afin de récupérer 1,50 gr, au mieux, du métal jaune, par tonne de roches. Chaque tonne de roche broyée, déduction faite de son infime teneur en or, devient alors « stérile » pour l’industriel mais surtout des déchets miniers pour les citoyens guyanais.

Ces masses seront alors stockées, ad vitam æternam, aux abords de la mine, sur des centaines d’hectares.

De cette fosse qui à terme, s’étendra sur 2,5 km de long, 800 m de large et plus de 300 m de profondeur, c’est plus de 450 millions de tonnes de roches qui seront extraites et/ou réduites en poudre !

Ce broyat monumental de roche, contient des éléments chimiques qui sont naturellement associés aux filons d’or, à savoir des teneurs en métaux lourds, potentiellement du cadmium, plomb, antimoine, arsenic et mercure naturel.

https://vimeo.com/119078260

Ces composants chimiques, inoffensifs tant qu’ils sont dans les entrailles du sol, deviennent de puissants toxiques pour l’écosystème et l’Homme, une fois rendus solubles lors du processus industriel. Imaginez le devenir de ces terrils de déchets miniers, de 10 m de haut, répandus sur des centaines d’hectares, dès qu’ils seront lessivés par les pluies de nos contrées. Il se produira ce qu’on appelle le « drainage minieracide » (DMA) qui contaminera tout d’abord le chevelu hydrographique du secteur (criques et fleuves) qui parviendra, à terme, sur nos côtes, nos terres agricoles, avant de finir dans nos assiettes, à l’instar des mines de métropole.

Endiguements : de la poudre aux yeux à court terme!

Les industriels prétendent que les déchets miniers seront retenus par des digues sur le long terme, quelque soit l’importance des saisons des pluies. Or, l’actualité nous informe régulièrement de la destruction accidentelle de ces digues, pour cause de mauvaise construction, de manque d’entretien et/ou par la violence des précipitations en zones tropicales. Rappelons pour l’heure, la rupture de barrages miniers au Brésil, en novembre dernier, qui a provoqué une coulée de boues toxiques sur 800 km. Les images ICI.

Même sans accident, la pollution affecte aussi les nappes phréatiques.

(photos légendes : ruptures de digues en Hongrie et Brésil)

 

« On ne peut pas faire de grosses mines en Guyane, avec les précipitations, on ne va pas arriver à gérer les déchets. Devant les difficultés techniques, l’opérateur va faire des choix et le seul arbitrage qui existe, c’est l’argent », commente de son côté un membre de l’association Ingénieurs sans frontières, qui connaît bien la situation en Guyane pour avoir travaillé dans le secteur minier. Ses craintes s’appuient sur les difficultés déjà rencontrées sur des sites où une exploitation de l’or primaire est déjà en cours, comme à Espérance, Dieu-Merci, Saint-Élie et Yaou.

Un rapport du BRGM de 2012 note que « les parcs à résidus sont souvent sous dimensionnés pour retenir les matériaux boueux issus du processus et on note l’absence de planification dans la conception et l’élaboration de ces ouvrages tout au long du cycle de vie de la mine.

Les risques permanents de submersion obligent les opérateurs miniers à des travaux réguliers de rehaussement des digues pas toujours bien maitrisés ni réalisés dans les règles de l’art (compactage, drainage, évacuateur de crue). »

Propos extrait de l’article de Reporterre du 4 avril 2016.

 

L’emploi et les retombées économiques :

Il suffit de connaître le processus d’implantation d’une mine pour mieux comprendre la désillusion rapide des nations qui accueillent ces multinationales.

« Actuellement, dans le secteur minier international privé, il est important de distinguer deux grands types de sociétés :

• les sociétés d’exploitation que l’on appelle les majors,
• les sociétés d’exploration, que l’on appelle les juniors.

Les entreprises juniors sont en général de taille très modeste. La plupart d’entre elles n’ont pas plus d’une dizaine d’employés. Enregistrées sur les marchés boursiers hautement permissifs, elles ne tirent des bénéfices que de la spéculation et financent leurs campagnes d’exploration en levant des fonds (des capitaux à risque) sur ces marchés boursiers (…)

Les juniors se consacrent exclusivement à l’exploration et à la prospection minière (…) alors que leurs actionnaires spéculent et génèrent des gains considérables grâce aux seules effets d’annonces dans les médias, et à la volatilité intrinsèque des prix des actions dans le secteur.

- Les majors sont au contraire de grandes entreprises établies. Elles disposent d’un capital boursier important, exercent une influence politique et économique considérables sur les autorités politiques nationales, et, sont capables de mobiliser les fonds et les moyens humains et technologiques pour mettre en œuvre l’exploitation minière. »

(Extrait de l’analyse que William Sacher, doctorant en Economie à Quito, nous a transmis.

Aussi, les promesses engagées par une junior sont rarement tenues par une major. Celle qui vient d’acquérir, à prix fort, une mine, clé en main, n’a qu’un objectif : valoriser au plus vite et au meilleur taux, l’investissement de ses actionnaires. Le devenir des pseudo endiguements dans 20 ans, les promesses d’emplois et de formations, les prévisions d’investissements économiques et de développement social, seront rapidement, dès la première chute du cours de l’or, caduques.

Si les mines rapportent plusieurs milliards d’euros à leurs actionnaires, cette valeur exorbitante ne profite pas aux populations impactées par les différentes nuisances, ni à leur pays. L’intérêt général n’a jamais été démontré.

La Bolivie, nation voisine, occupée depuis des années par un nombre important de transnationales (or, pétrole, diamant) demeure un des pays les plus pauvres dAmérique du Sud.

Que représente en effet notre ridicule taxe minière (2%), face aux 100 millions deuros sur fonds publics exigés par la construction d’infrastructures à lusage exclusif du minier, comme celle d’une centrale électrique, linstallation de lignes à haute tension à travers la jungle, le bitumage sur 63 km et l’entretien onéreux de la futur « Route de Paul Isnard » au service quasi-exclusif des poids lourds de lindustriel ?

Sans compter les coûts engendrés par la mobilisation des différents services de lEtat, le manque a gagner des défiscalisations et autres avantages financiers, et malheureusement, ceux à prévoir pour les réhabilitations et dépollutions de laprès mine.

Une gabegie d’énergie

La multinationale Nordgold aura un besoin énergétique représentant 20% de la consommation annuelle du département, soit la consommation annuelle de la ville Capitale Cayenne (25 mgW).

Cette énergie devra faire fonctionner les neuf unités de cyanuration chimique, l’éclairage jour et nuit de ce site, les concasseurs et les broyeurs de roches. Rajoutons à cette gabegie, la consommation en gas-oil des gigantesques pelles mécaniques pour extraire et charger les camions-bennes géants qui alimenteront l’usine en surface.

Une absurdité au regard des émissions de gaz à effets de serre, favorisant le réchauffement climatique, pour extraire, bien souvent moins d’un gramme d’or par tonne de roches broyées.

On brûle la forêt pour la finance internationale

Un premier scénario envisage de construire, sur fonds publics, à l’usage exclusif de cette mine, une centrale électrique à biomasse, approvisionnée en bois issu de notre forêt primaire. Ensuite, il faudra financer, toujours sur fonds publics, la déforestation d’un corridor de 120 km de long pour tirer une ligne haute tension de St Laurent jusqu’à l’usine.

 

On noie nos territoires pour la finance internationale.

Une autre alternative qui va bientôt s’imposer comme une nécessite : un second barrage hydro-électrique ! Déjà annoncé, mais écarté le temps que les recommandations de la COP 21 s’estompent, ce projet sur la Mana prévoit d’ennoyer 100 000 ha de forêts primaires, c’est la perte de millions de grumes valorisables par les 25 métiers de la filière bois, et autant de terres agricoles potentielles englouties à jamais.

Un barrage de ce type répond rarement à une problématique environnementale ou sociétale ; il s’agit en fait de ce que l’on qualifie de « Grands Projets Inutiles et Imposés » (GPII)influencés par les lobbies du BTP et de l’Énergie.

En Guyane, ce barrage n’a qu’un objectif stratégique : viabiliser définitivement l’activité minière dans l’intérieur : Lire le cas similaire de Belo Monte au Brésil !

En terme d’impact environnementaux, les barrages amazoniens, même s’ils utilisent une ressource renouvelable, demeurent la pire des solutions, une menace pour la planète !

Celui de Petit saut, en Guyane, est un véritable réacteur chimique, entraînant des émissions massives de gaz à effet de serre (GES), essentiellement du méthane.

La cause de cette empreinte écologique s’explique par les immenses surfaces de forêt noyées sous les eaux, (la Guyane n’a pas de relief) et surtout de l’énorme biomasse qu’elle recèle (450 tonnes à l’hectare)…. qui se transforme en méthane une fois submergée.

Pour que les rejets aériens nocifs du barrage deviennent aussi modérés que ceux d’une centrale à fuel, il faudra attendre
72 ANS de fonctionnement ! En d’autres termes, après 20 ans de fonctionnement, notre barrage est toujours 3 à 6 fois plus nocif pour la planète, qu’une centrale thermique, même aussi obsolète que celle de Dégrad-des-Cannes, et le restera encore 53 ans !

La durée de vie d’un barrage ? On évoque audacieusement 100 ans pour la métropole mais on sait que sous nos climats, les bétons et infrastructures métalliques se détériorent bien plus vite. 

L’argumentation politique : démographie et chômage

Politiquement, on justifie la destruction d’un si vaste territoire par notre démographie, soit-disant, « galopante » ! On crée l’affolement en annonçant 300 000 habitants en 2034. Imaginons si toutes les nations voulant subvenir aux besoins énergétiques de 300 000 de leurs habitants devaient anéantir 100 000 ha de leur territoire ? Que resterait-il de la Martinique, avec ses 1100 km2 et 400 000 habitants qui serait un immense lac de barrage, De même pour la Guadeloupe… A contrario, on a aussi le cas d’un pays comme le Guyana, peuplé de 800 000 habitants et qui n’a pas cédé aux lobbies de L’énergie ; pourtant ce pays est plus industrialisé que la Guyane.

On manipule l’information pour mettre en place des projets destructeurs pour l’Humanité, avec la complicité de spécialistes peu scrupuleux, pour permettre à une poignée d’investisseurs privés de détruire notre patrimoine naturel.

 

Si ces projets se concrétisaient, ils détruiraient chaque jour
des espèces animales ou végétales, 
avant même de les avoir découvertes !

Jean-Philippe BIAVA, fut directeur d’EDF Guyane (2012-2015). Durant cette période, il a mis beaucoup d’énergie à promouvoir la nécessité d’un second barrage hydro-électrique, Selon la presse locale, il s’est mis en disponibilité début 2016 pour créer une société d’Etudes de Conseils qui a aussitôt été sélectionnée pour étudier le Plan Pluriannuel de l’Energie pour la Collectivité Territoriale de Guyane.

Voici ses propos produits dans Les Echos, sur l’approvisionnement en énergie de la mine :

«  En termes d’utilisation de l’énergie aussi : l’un des plus gros enjeux du projet. La question n’est même pas de raccorder au réseau le site situé à 125 kilomètres de la ville la plus proche, il va falloir fabriquer l’électricité. La future mine aura besoin de 20 mégawatts pour fonctionner… autant que la consommation de Cayenne. Une ligne de très haute tension dans la forêt tropicale, on sait faire, ce n’est qu’une question de moyens ».

 

Une intervention de Maiouri Nature sur la Télé régionale :

Un de nos membres a réussi à poser une question à Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, invitée sur la matinale de France-Inter. Il lui demanda comment E. Macron, Ministre de l’Economie, lors de son passage en Guyane, avait pu déclarer qu’il ferait tout pour que ce projet si diamétralement opposé au principe de la COP 21 réussisse.

S. Royale a alors émis de grandes réserves, précisant que les déclarations de Monsieur Macron n’engageait que lui, occasionnant ce « couac » gouvernemental relaté par Guyane Première TV. Voir la courte video.

 

Des environnementalistes locaux très complaisants :

Malgré ce premier constat écologique désastreux, une association de naturalistes locaux ne semble nullement contrariée de voir ce giga-projet minier se réaliser! Interrogé par une journaliste de Guyaweb, le 28 août dernier, son porte-parole n’hésite pas à comparer les compétences de compagnie minière aux performances technologiques du pôle d’excellence européen, qu’est le Centre Spatial Guyanais…! Pour conclure, sans état d’âme : « vu la taille des entreprises, on imagine que les meilleurs procédés techniques sont utilisés » [ pour préserver l'Environnement ]. Frilosité, naïveté,… De la part d’une ONG environnementaliste, comment interpréter un tel blanc-seing accordé à une industrie si controversée ?

Il y a aussi ceux qui optent carrément pour un franc partenariat, à l’image du WWF Guyane. Toujours aussi neutre quand il s’agit de s’opposer aux multinationales aurifères sur le plateau des Guyane (**), son directeur s’exprime ainsi dans le quotidien France-Guyane (22/4/15), lors d’une visite sur la concession minière : « 73% des grands projets industriels, au niveau mondial, connaissent des retards liés aux questions sociales et environnementales », a rappelé Laurent Kelle, responsable du WWF Guyane (…). Signe que les industriels ne peuvent plus passer outre ces questions majeures pour l’avenir des territoires. Columbus Gold l’a bien compris, et parle de « mine responsable » pour son projet de Montagne d’or. Le WWF Guyane « salue cette volonté d’aller vers une responsabilité sociale et environnementale », mais émet des réserves. « On nous a présenté Nordgold comme un bon élève d’un point de vue économique. Mais on n’a pas eu d’informations sur ses pratiques sociales et environnementales » , regrette Laurent Kelle, qui souhaite néanmoins « poursuivre les discussions avec les opérateurs. »

 Il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir

Nous sommes navrés qu’une organisation comme le WWF, puissamment implantée dans le monde entier, soit si démunie en informations sur les agissements des multinationales minières. Nous mettons à leur disposition les informations du rapport de « Action de Carême », déjà cité plus haut, avec son bilan social et environnemental : « Les sociétés minières présentes au Burkina Faso, en l’occurrence Iamgold, Nordgold et Amara Mining, ont une grande responsabilité dans les violations des droits humains que nous avons exposés ». Pour télécharger le rapport, le lien ici

 

La COP 21 nous a rappelé la nécessité de réduire les émissions de Gaz à Effets de Serre. Le projet minier Nordgold est sans aucun doute le plus extravagant en termes de gabegie énergétique et d’une inutilité maximale pour la société guyanaise et plus globalement pour l’Humanité.

«  L’or est un bien de luxe. Avant d’être stocké dans un coffre-fort à la banque ou d’être transformé en bijoux, il est souvent extrait au prix de violations des droits humains et d’une pollution massive de régions entières ». 

« Action de Carême Fév. 2016)

(*) Action de Carême n’est pas un groupuscule écolo mais une très sérieuse œuvre d’entraide des catholiques de Suisse : voyez sur ce lien :

(**) WWF : un silence complice au regard des multinationales minières 

En 2006  le Collectif «  Non au projet Minier Iamgold à Kaw  » regroupant 33 organisations environnementales, citoyennes, syndicales et politiques de Guyane, s’est opposé durant DEUX ANS contre l’implantation du géant canadien minier IAMGOLD. 

 Le WWF Guyane a toujours refusé d’y adhérer et son seul véritable communiqué de presse évoquant sa position sur Iamgold fut publiée… 21 mois après la création du Collectif citoyen, un mois avant l’heureuse décision du gouvernement de refuser définitivement le permis d’exploitation à Kaw.

En 2010, le WWF Guyane S’ABSTIENDRA en commission des Mines, sur une nouvelle demande de permis d’exploration de la multinationale IAMGOLD, secteur de la Montagne Tortue, d’une rare biodiversité. Par un courrier officiel, Maiouri Nature avait dénoncé ce compromis symbolique accordé à une industrie polluante. Leur réponse ne nous avait pas satisfait.

En 2011, se dessinait un projet fumeux pour estimer les coûts et bénéfices de l’orpaillage illégal, mais surtout valoriser la filière légale, qui, elle, n’a jamais pu chiffrer son bénéfice pour les citoyens, à moyen et long terme. Nous avions encore exprimé notre refus de cautionner cette démarche. Voici l’échange de courrier duWWF et de MNG.

En janvier 2015, lors d’un partenariat avec le Medef Guyane, on apprend que les entreprises blacklistées par le Panda sont celles liées « au pétrole, l’armement et les OGM » mais pas l’industrie minière ! Pourtant, l’Observatoire des Multinationales dénonce régulièrement les dégâts environnementaux que génère ce secteur.

Chaque année, pour « rappeler que l’énergie consommée a un coût pour la planète » WWF nous demande d’éteindre durantune heure, l’éclairage de nos habitations mais l’ONG ne trouve rien à redire à ce qu’une seule entreprise russe réclame la fourniture annuelle de 25 Megawatt (20% de la conso. annuelle du pays) pour concasser des cailloux en Guyane ! 

Fin février 2016 le BRGM (Bureau de recherche géologique et minier), en collaboration avec le WWF, annonçait avoir trouvé une méthode de traçabilité de l’orqui devrait faciliter la provenance du métal précieux et « valoriser les bonnes pratiques des opérateurs miniers légaux à l’aide d’une « garantie d’origine contrôlée » Ça ne s’invente pas, c’est écrit ici en fin d’article. 

Ces travaux ont été financés à hauteur de 158 000 € par l’Union européenne au bénéfice du WWF.

L’organisation au Panda pense-t-elle à un futur   »LABEL WWF » de la « Mine à moindre impact » , « responsable » , un CONCEPT si cher à MM Macron et Montebourg ?


- Maiouri Nature pourrait se réjouir de cette initiative si elle se révélait capable d’aider à l’éradication des réseaux maffieux illégaux mais est-ce au WWF de piloter ces recherches de traçabilité ? N’est ce pas plutôt au BRGM, ARS, CCIG, OrKidés… de s’en charger ? N’est-ce pas plutôt son devoir de REFUSER CATÉGORIQUEMENT l’industrie aurifère considérée comme l’une des plus polluantes au monde, surtout au sein de la seule forêt primaire de la riche Europe !


- Aboutir à l’Ecoblanchiment d’une activité industrielle dont WWF ne peut ignorer le solde mortifère pour le climat, la biodiversité et en fin de compte pour l’humanité, n’est, malgré la sincérité de nombreux bénévoles sur le terrain, qu’ hypocrisie d’une ONG devenue institution en recherche, avant tout, de consolidation financière.

- Le WWF au service de l’image du lobby minier industriel ! Un peu comme si la Société Protectrice des Animaux (SPA) se mettait à étudier un concept de « foie gras sans stress » ou d’une « tauromachie sans douleur » !  Lutter contre l’orpaillage clandestin et dénoncer les conséquences de l’industrie minière « légale » devraient être les principales préoccupations de ce groupe.

Quand verrons nous, dans la presse, une condamnation sans équivoque
par le WWF du projet minier Nordgold, ici et ailleurs ?

 

Dessin ©opyleft Patochard 2016 (cliquez sur l’image pour agrandir)

Sur le même sujet :        

- L’ONG Survival International accuse le WWF d’être partenaire d’une entreprise d’exploitation forestière qui détruit le territoire des pygmées Baka – 26 mai 2016.

- Qui a tué l’écologie ? Interview de l’auteur, Fabrice Nicolino sur Fréquence Terre

Le Silence du Panda un film de 52’ de Wilfried Huismann :

- WWF Helps Industry More than Environment : Article du Spiegel + traduction Fr. parLes Amis de la Terre.

 


Pour en savoir plus :

Article de Fabrice Nicolino – Charlie Hebdo #1244 Mai 2016

Auplata : la stratégie du cheval de Troie,

http://www.radiotemblor.org/

Un projet d’exploitation industrielle de l’or – France-Guyane 22 avril2015

Article de Guyaweb « le minier et la bonne conduite » du 28/08/2015

 

Pour Télécharger le rapport dénonçant les pratiques de Nordgold & Iamgold au Burkina :

Article  de Reporterre d’Hélène Ferrarini du 5 avril 2016