Et si on arrivait à prédire les épidémies de dengue qui sévissent en Guyane ? C’est la question que s’est posée l’unité d’épidémiologie de l’Institut Pasteur de Guyane. Son responsable, le chercheur Claude Flamand, s’est interrogé en particulier sur le lien entre ce virus et les facteurs climatiques. Y a-t-il corrélation entre un phénomène climatique particulier et les vagues épidémiques de dengue ? Et y a-t-il causalité ? Son équipe a réussi à mettre en avant un lien entre ces épidémies et un différentiel saison sèche – saison humide très important. Les deux paramètres en cause sont la température de surface océanique et la pression atmosphérique.
Les scientifiques ont ensuite mis au point un modèle qui, en connaissant les conditions climatiques de la région, pourrait prédire les épidémies. Testé, il était à 80 % prédictif. « On a essayé d’utiliser ce modèle en temps réel. On a prédit une épidémie de dengue en 2016 parce que les conditions étaient favorables. Mais il n’y en a pas eu. Par contre il y a eu une grosse épidémie de zika. » Claude Flamand est étonné, mais ne prend pas ce résultat comme un échec. Y a-t-il eu compétition entre les deux virus au sein de leur vecteur commun, le moustique Aedes Aegypti ? L’épidémie de zika aurait-elle été aussi importante sans ces « conditions favorables » ? Ce résultat soulève des questions pertinentes sur ce nouveau virus. Le modèle utilisé n’est pas remis en cause, mais des études complémentaires seront nécessaires pour éclairer ces interrogations. À l’avenir, son utilisation pourrait permettre d’évaluer les « risques » d’épidémies de dengue en Guyane, ou en tout cas de visualiser les années où des « conditions favorables » seront présentes.

Photo Institut Pasteur Guyane