De retour d’une mission d’une semaine en pays businenge, le WWF dresse le constat d’un
orpaillage illégal à deux visages.

Derrière les villages, sur les petites criques, des micro-unités d’exploitation illégale opèrent
discrètement. Plus loin, sur le Petit Abounami, des milliers d’orpailleurs illégaux auraient déjà
détruit la quasi-totalité des têtes de crique. A l’instar d’autres communes de l’intérieur, la
population de Papaïchton doit adapter son quotidien face à l’omniprésence d’exploitation
illégale.

Un panel d’impacts où l’insécurité domine

De nombreux habitants ne fréquentent plus les zones de chasse habituelles, pour des questions de sécurité ; certains sont même allés jusqu’à abandonner leur abattis après l’installation d’orpailleurs illégaux à proximité. Si les vols dans les abattis sont encore monnaie courante, les vols de moteurs et de pirogues ont régressé depuis l’installation d’un éclairage nocturne sur la rive, et surtout depuis que les habitants ramènent systématiquement leur moteur jusqu’à leur maison. Depuis sa mise en service en novembre 2009, la centrale électrique s’est fait voler l’équivalent de plus de huit mois de fonctionnement en gasoil… probablement destiné aux sites clandestins. Quelques habitants évoquent un « non-respect de la nature » en regrettant les impacts sur la forêt et sur les criques. Et dans un contexte où la légitimité de l’Etat ne va pas toujours de soi, le maintien de l’orpaillage clandestin vient alimenter le sentiment d’abandon de ces populations de l’intérieur.

Deux formes bien distinctes

A proximité des villages, l’activité d’orpaillage illégal est éclatée en toutes petites unités de quelques personnes. Très discrètes, elles utilisent des petites pompes facilement changeables en cas de destruction par les forces de l’ordre, ou bien pratiquent l’orpaillage primaire en creusant des puits. Plus à l’intérieur, sur le Petit Abounami, plusieurs milliers d’orpailleurs clandestins travaillent sans être dérangés : les forces de l’ordre ne peuvent pas remonter cette rivière, faute de moyens adaptés. Seules les interventions avec hélicoptère, une ou deux fois par an, viennent perturber l’activité sur ce lieu.

Une courte accalmie qui en dit long

L’orpaillage illégal a néanmoins connu un ralentissement pendant quelques mois suite aux événements de Dorlin en juin dernier. Des interventions plus déterminées côté français, doublés d’une coopération efficace avec les forces de l’ordre surinamaises, avaient alors permis un vrai recul de l’orpaillage illégal dans cette moitié ouest de la Guyane. Cette accalmie temporaire montre l’importance et l’efficacité d’interventions transfrontalières coordonnées, bien trop rares à ce jour.

Contact presse

Florent Taberlet, Chargé de programme écosystèmes terrestres. 06 94 43 43 37 – ftaberlet@wwf.fr