Une nouvelle espèce de tapir, animal de l’ordre des Périssodactyles (regroupant les tapirs, chevaux, zèbres, rhinocéros), a été découverte dans les régions amazoniennes des savanes, au nord de Porto Velho, à la frontière des états brésiliens de Rondônia et d’Amazonas. Le Tapirus kabomani est la première nouvelle espèce de Périssodactyle décrite depuis les 100 dernières années et l’un des plus grand mammifères découverts au cours du siècle passé. Cette découverte a été publiée le16 décembre 2013 dans Journal of  Mammmalogy, principale revue scientifique spécialisée dans les études relatives aux mammifères.

L’étude sur cette nouvelle espèce de tapir a commencé il ya 10 ans, par une équipe de professeurset de chercheurs de l’Université fédérale de Minas Gerais (UFMG) et de Guyane.La première évidence est apparue après la découverte d’un crâne, dans les travaux menés par le paléontologue Mario Cozzuol, alors professeur à l’Université fédérale deRondônia. Après des analyses morphologiques et génétiques approfondies d’autres crânes et tissus, recueillis avec l’aide des Amérindiens Karitiana vivant dans cette région du Brésil, il est apparu qu’il s’agissait bien d’une nouvelle espèce.

Cette nouvelle espèce est assez proche du « tapir brésilien », Tapirus terrestris, mais a des pattes plus courtes, une taille et un poids inférieurs, et une crête moins importante. Elle est également plus sombre, et est ainsi appelée « petit tapir noir » (« anta pretinha » en portugais) par certaines communautés amazoniennes. Selon Fabricio Santos, de l’Université Fédérale du Minas Gerais, coordinateur des études génétiques, cette nouvelle espèce de grand mammifère avait en fait été chassée dans le Nord du Mato Grosso par l’ancien président américain Theodore Roosevelt,au début du XXe siècle ! Le spécimen prélevé à l’époque se trouve toujours dans la collection du Musée américain d’ histoire naturelle à New York, aux États-Unis, sans que personne n’y prête une attention particulière, alors que Roosevelt avait lui-même écrit une petite note disant que selon les habitants de la région, ce tapir était différent des autres … »Notre prochaine étape consiste à déterminer la répartition réelle et l’état de conservation de cette nouvelle espèce, qui est déjà probablement menacée, comme l’espèce plus commune au Brésil, Tapirus terrestris,considéré comme vulnérable par la Liste Rouge de l’Union Mondiale pour la Nature » explique Flavio Rodrigues, professeur d’écologie à l’UFMG et co-auteur de l’article .

Un point majeur dans ce processus de découverte du Tapirus kabomania été la prise en compte des connaissances des communautés locales. Celui qui prend aujourd’hui la place de deuxième plus grand mammifère terrestre d’Amérique du Sudest pourtant passé inaperçu pendant longtemps aux yeux de la communauté scientifique. Malgré les similitudes avec le « tapir brésilien », les populations amérindiennes disent avoir toujours différencié les deux espèces, sans que la communauté scientifique n’y accorde beaucoup d’attention. La prise en compte de ces connaissances traditionnelles et le travail avec les communautés ont été un point majeur dans ce travail.

L’étude a été soutenue par la Fondation Boticario pour la protection dela nature, la Fondation pour l’appui à la recherche de l’État de Minas Gerais (FAPEMIG) et le développement scientifique et technologique nationale (CNPq) du Brésil, et, notamment pour le volet génétique, par le Centre d’Etude sur la Biodiversité Amazonienne, reconnu en France en 2010 « Laboratoire d’Excellence » dans le cadre des Investissements d’Avenir.

Contact: Benoit de Thoisy – 0694 26 19 77 – benoit@kwata.netbdethoisy@pasteur-cayenne.fr

 

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