1971 – 2011 : Après 40 ans de mobilisation, la tortue luth des Guyanes vient d’être classée parmi les 12 populations de tortues marines les plus robustes au monde.

Depuis la première estimation de la population de tortues luth (Dermochelys coriacea) reproductrice dans la région (14 700 femelles selon Pritchard, en 1971), les côtes des Guyanes jouent un rôle central dans la préservation de l’espèce à l’échelle mondiale. Après plusieurs décennies d’efforts de protection (notamment sur les deux rives de l’estuaire du Maroni au Suriname et en Guyane), la population des Guyanes affiche une tendance stabilisée ou en légère hausse (1).

Selon une publication sortie récemment (2), la tortue luth dans les Guyanes apparaît comme l’une des populations les mieux préservées au monde. La tortue luth a été classée « en danger critique d’extinction » par l’Union Mondiale pour la Conservation de la Nature (UICN) en 2000, le principal facteur de menace sur l’espèce apparaissant lié aux captures accidentelles. Ainsi une étude estimait qu’en 2000, entre 30 000 et 60 000 tortues luth avaient été victimes de captures accidentelles dans l’Océan Atlantique (3).

A l’échelle internationale, les efforts de protection de cette espèce se sont largement structurés et différentes coopérations régionales et internationales se sont établies. Ainsi dans le cadre du projet TALCIN, une publication internationale a permis d’identifier les zones de migration et des zones de résidence temporaire l’espèce à l’échelle de l’Océan Atlantique, mettant en évidence des comportements de
nourrissage dans ces régions (4).

En Guyane, les efforts de préservation de la tortue luth se sont progressivement renforcés, avec notamment la création de la réserve naturelle de l’Amana (1998), et la mise en place d’un Plan de Restauration pour les tortues marines (2007). La question des captures accidentelles reste non résolue au large de la réserve naturelle de l’Amana, et demeure majoritairement liée aux nombreux navires de pêche illégaux opérant dans
cette zone. Pour autant, la population reproductrice des Guyanes semble avoir bénéficié de l’effort mené sur le longterme pour préserver ses sites de ponte. Ainsi le nombre de pontes de tortue luth reste élevé dans l’estuaire du Maroni, et a nettement augmenté sur les plages de l’Ile de Cayenne. La publication récente vient confirmer l’importance et la bonne santé de la population de tortue luth dans les
Guyanes, et illustre l’intérêt des efforts de protection et de suivi menés sur le long terme.

 

(1)
Fossette, S., Kelle, L., Girondot, M., Goverse, E., Hilterman, M., Verhage, B., de Thoisy, B., Georges, J.-Y., 2008. The world’s largest leatherback rookeries: conservation oriented
research in French Guiana/Suriname and Gabon. J. Exp. Mar. Biol. Ecol. 356, 69–82.
(2)
Wallace BP, DiMatteo AD, Bolten AB, Chaloupka MY, Hutchinson BJ, et al. (2011) Global Conservation Priorities for Marine Turtles.
PLoS ONE 6(9): e24510. doi:10.1371/journal.pone.0024510
(3)
Lewison, R.L., Freeman, S.A., Crowder, L.B., 2004a. Quantifying the effects of fisheries on threatened species: the impact of pelagic longlines on loggerhead and leatherback sea
turtles. Ecol. Lett. 7, 221–231.
(4)
Fossette S, Girard C, López-Mendilaharsu M, Miller P, Domingo A, et al. (2010) Atlantic Leatherback Migratory Paths and Temporary Residence Areas. PLoS ONE 5(11): e13908.
doi:10.1371/journal.pone.0013908