Vous l’avez sans doute vue, la belle affiche de la Région placardée à chaque croisement où l’on peut lire « Etes-vous fait pour travailler un jour dans le pétrole ? ». Nos élus vont combler l’abysse du chômage en Guyane grâce au projet pétrolier, grâce à leurs amis de Shell, c’est en tout cas ce que l’on s’imagine en voyant toute l’énergie déployée pour attirer nos jeunes guyanais dans le mirage du pétrole. A moins qu’il ne faille prendre cette question au pied de la lettre, et que ce ne soit pour les sensibiliser d’ores et déjà à une éventuelle intervention dans le pétrole, au sens premier du terme, pour venir nettoyer les plages en cas de marée noire… Car en l’absence du principe pollueur-payeur, non exigé par les élus ni l’Etat, il se pourrait bien que nos jeunes goûtent aux joies de la dépollution plutôt que celles de l’ascension sociale…

Pour aller plus loin, est-ce que les 19 300 sans-emplois actuels seraient prêts à travailler dans le pétrole ? Nul doute qu’ils le sont, comme ils sont prêts à travailler dans n’importe quel secteur d’ailleurs, pourvu que celui-ci leur offre des situations qui répondent à leurs besoins et à leurs projets. La question n’est pas là bien sûr mais reconnaissons que la façon de la poser est habile pour ne pas répondre à celle que l’on se pose vraiment : Combien d’emplois locaux va créer l’industrie pétrolière en Guyane et pour combien de temps ?

Sur ce point, les rumeurs vont bon train et nos chers élus ne sont surtout pas là pour les contredire. A les entendre, à les écouter, on croirait bien que la question du chômage sera résolue d’ici peu, pour ainsi dire presque demain. Mais la réalité est toute autre, et il va être difficile de noyer le poisson bien longtemps… Les retombées de l’activité pétrolière pourraient entraîner, pour les plus optimistes, la création d’environ 500 emplois, mais ceux-ci qu’à partir de 2019 et pour la durée de la phase d’exploitation. Et d’après la sénatrice Aline Archimbaud, membre de la Commission chargé du département d’Outre-Mer, M. Roméo n’a donné aucune garantie sur la proportion de ces salariés qui pourraient venir de Guyane, d’autant plus qu’il s’agit de personnels ultra-qualifiés. Toujours d’après la sénatrice, il y a en Guyane plus de potentiels dans l’agriculture et dans le secteur forestier. A quand des affiches 4 par 3 dans les rues de Cayenne pour savoir si les jeunes sont faits pour travailler dans l’agriculture, le secteur de la pêche, de la forêt ou du tourisme… ? Rappelons que pour le seul secteur des énergies, les prévisions du GENERG (Groupement des Entreprises en Energie Renouvelable en Guyane) basées sur un scénario du développement des énergies renouvelables, misaient sur plus de 450 emplois pérennes créés en 2020, 700 en 2030, si tant est que nous en mettons les moyens.

Mais les potentielles recettes fiscales ont eu raison de nos élus qui ont oublié que l’on peut construire une économie en préservant la nature au lieu de la détruire.

Collectif Or Bleu Contre Or Noir
PK7 Rte de Montjoly.
Impasse H.K.K.
97354 REMIRE MONTJOLY
Guyane Française