En plein sommet de Rio, le gouvernement annonce le remplacement de Nicole Bricq par Delphine Batho à la tête du ministère de l’écologie. Faut-il y voir une conséquence des remous autour du projet de forage en Guyane ? Réaction de FNE.

Un remaniement qui fait désordre

A peine un peu plus d’un mois après la mise en place du nouveau gouvernement, le premier remaniement ministériel intervient et décide du débarquement de la ministre de l’écologie. France Nature Environnement note que ce changement rapide envoie un mauvais signal en ce qui concerne la prise en compte des enjeux environnementaux par la nouvelle majorité.

Le poids des lobbies …

Ce remaniement intervenant juste après une série de messages contradictoires du gouvernement à propos du projet de forage en Guyane, il est difficile de ne pas voir l’éviction de Nicole Bricq comme la conséquence possible d’un lobby efficace mené par l’industrie pétrolière. Il est vrai qu’en période de crise, le chantage à l’emploi est d’une redoutable efficacité…Au-delà de l’éviction de Nicole Bricq après un arbitrage ministériel défavorable, c’est la réforme du code minier qui risque d’être enterrée. Plus largement, la question qui se pose est celle de la cohérence de la politique gouvernementale : peut-on tout à la fois plaider pour la transition écologique de la société et revenir aux vieilles recettes productivistes ?

De Rio à la Guyane

En plein sommet de Rio, ce remaniement fait désordre. Un changement de ministre au beau milieu du sommet de l’ONU sur le développement durable ne donne pas de gages quant à un engagement réel du chef de l’Etat. France Nature Environnement aimerait bien que le « sursaut » qu’a appelé de ses vœux le président de la République, dans son discours de Rio, passe d’abord par la Guyane. Rappelons que le gouvernement a donné son feu vert pour un projet de forage en Guyane alors que, de l’avis même de la ministre de l’écologie, les études d’impacts réalisées sont insuffisantes…
Pour mémoire, la défense des océans est au cœur du message porté par la France à l’occasion du sommet de Rio. Autoriser, au même moment, un chantier qui pourrait déclencher une catastrophe écologique majeure touchant également le Brésil …ça doit être de l’humour noir !

Bruno Genty, président de FNE : « Il est heureux qu’au moins le périmètre du ministère ne soit pas réduit et que l’énergie soit restée dans son giron. Tout en souhaitant bonne chance à Delphine Batho dans la conduite de ce ministère, nous espérons que ce remaniement n’augure pas un enterrement en grandes pompes de la refonte du code minier et, au-delà, que ce ne soit pas le signe d’un manque de volonté politique pour défendre l’écologie et l’intérêt public contre des intérêts privés portés par des lobbys de pollueurs notables. Ce qui est en jeu maintenant, c’est la cohérence de l’action gouvernementale. Cela passe par la feuille de route de la transition écologique appliquée à tous les ministères et annoncée par le président de la République lui-même. Nous attendons que les engagements de la campagne se traduisent par des actes politiques.»