Chantre de l’impressionnisme magique et de la modernité chamanique, John Lie A Fo (1945- …), dont les origines familiales plongent dans la Chine et l’Indonésie, a pris racine dans le plateau des Guyanes. On hésite à chercher dans sa peinture si son intérêt pour l’écriture, les lettres, alphabet, les signes épurés renvoie plus à cet héritage de la calligraphie chinoise ou à la découverte de l’existence de l’alphabet Afaka. Qualifié de « messager de la jungle » par les galeristes hollandais, Lie A Fo est, comme « Lam Métis » ou Jean-Michel Basquiat, l’un de ces artistes dont l’œuvre ne peut ni se résumer ou se réduire à sa provenance géographique, l’Amazonie, ni aux apports évidents du mouvement « Cobra » puisés dans la fréquentation des artistes belges et flamands lors de sa formation à Anvers et La Haye. Il est bien ce messager qui a su incarner l’univers mythique et symbolique des peuples de l’Amazonie et laisser durablement sa trace dans l’œuvre de nombreux artistes de sa génération et de ses successeurs. Explorateur d’ un monde spirituel sans frontières, il a su réenchanter le monde de l’Art. Son œuvre riche en couleurs et en symbolisme puise dans l’extraordinaire diversité des cultures de la région. Sa peinture est puissante, parfois violente, en ce qu’elle est véritablement «habitée» par les mythologies amérindiennes et noirs marrons. A l’occasion de la grande exposition rétrospective qui lui est consacrée en Guyane du 23 octobre 2012 au 13 février 2013, plus de 150 œuvres de l’artiste, datant de ses années en Guyane et antérieures, ont ainsi été réunies dans un magnifique volume 24 X 24 cm disponible dans toutes les bonnes librairies. L’ouvrage, traduit en anglais et en néerlandais, s’inscrit dans une collection sur les arts visuels du plateau des Guyanes, sous la direction de la galerie Claude Favier/L’encadrier et de David Redon.