Si l’exposition Pierre Verger, un pont au-dessus de l´Atlantique, qui a sillonné la Guyane, Belém et le Suriname en 2009, présentait un travail fourni et passionné des cultures afro-américaines du plateau des Guyanes et de l´Amazonie, le photographe et ethnologue eut une vision catastrophique du reste de la Guyane. Le précédant, en 1947, l’ethnologue Alfred Métraux retrouve « la Côte d’Ivoire et le Gabon » en visitant « un village de Bush Negroes qui m’a transporté dans un monde ethnographique étranger. C’est vraiment l’Afrique, et qui plus est, une Afrique du XVIIIème siècle ». En outre, sa vision globale du territoire français est cinglante : « La Guyane est particulièrement immonde et inintéressante ». L’avis de Pierre Verger, de passage dans les années 50, est tout aussi tranchant : « Les descriptions qui m’avaient été faites de la ville étaient si défavorables que je m’attendais au pire mais, en fait, Cayenne est encore plus misérable qu’il m’était possible de le prévoir ».  L’avis très personnel des deux scientifiques se traduira par leur silence photographique. Seule une « Note sur les amérindiens de la Guyane Française » sera publiée en 1947 par Métraux dans le Journal de la société des Américanistes.

Sources : Pierre Verger, 50 anos de fotografia, 1982, Corrupio éd., Brésil Pierre Verger et Alfred Métraux, Le pied  à l’étrier – Correspondance Verger-Métraux
Photo de «Alfred Métraux en compagnie de Baa Keeson» par Pierre Verger