Depuis 1994, le barrage de Petit Saut sur le Sinnamary et son immense retenue d’eau fournissent plus de la moitié de l’électricité de la Guyane. à l’heure où se pose la question d’un second grand barrage pour subvenir aux besoins croissants de la Guyane en énergie, retour sur une aventure humaine, scientifique et économique chargée de remous.

A Petit Saut, comme souvent, tout commença avec la construction d’une route. Une fois le lieu du barrage décidé, la première étape fut la création d’une bande d’asphalte de 27 km entre la route de Kourou et le lieu du barrage, afin d’acheminer le matériel.
Aujourd’hui ce serpent de bitume, entre la RN1 et le barrage de Petit Saut, est interdit au public. Seul le personnel travaillant sur le barrage, pour EDF ou pour le laboratoire d’analyses environnementales Hydreco, a le droit de l’emprunter. On croise parfois quelques quads de la gendarmerie ou des touristes ignorants au milieu de la cinquantaine de carcasses de voitures qui jonchent les bas-côtés.
Ce cimetière d’épaves, brûlées par dizaines, serait dû en partie à l’orpaillage illégal mais surtout à des voleurs qui viendraient désosser les voitures volées, puis les brûler sur cette piste reculée, pour ne pas être retrouvés.

Quand le chantier du barrage commence en 1989, la route a été construite et ouverte par EDF. Elle est ensuite rétrocédée à l’Etat, qui par défaut la confie à l’Office National des Forêts en tant que route forestière. Faute d’entretien, la route se dégrade et devient inadaptée à la circulation, le préfet l’interdit au public en 2001. Aujourd’hui, il faudrait environ 4 millions d’euros de travaux pour la remettre en état et en attendant, les agents d’EDF appellent régulièrement des services extérieurs pour évacuer les carcasses qui la parsèment.
Une fois dépassé ces épaves, esquivé de justesse les singes et les serpents, apparaît le barrage de Petit Saut. Au cœur de la forêt équatoriale de Guyane, d’une hauteur de 35m et  long de 750m, ce monstre de béton contient la retenue d’eau la plus importante de France: 3,5 milliards de mètres cube d’eau.

Une construction pharaonique au coeur de la forêt
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