Lorsque la guerre civile du Suriname éclate, de nombreux Amérindiens des villages du bas Maroni viennent se réfugier de l’autre côté du fleuve, en Guyane. Ils deviennent alors les epatosan : « ceux qui ont traversé ».

Le 21 juillet 1986, un groupe de combattants busi nenge attaque le poste de l’armée sur la rivière Commewijne. Ainsi débute la guerre civile du Suriname. Avant la fin de l’année 1987, environ 10 000 Surinamais, dont près d’un millier d’Amérindiens se réfugient en Guyane française. Derrière les chiffres de l’Histoire se cachent des histoires très différentes.
Les premiers Amérindiens à venir se réfugier en Guyane sont ceux vivant près des zones de combat. Élisabeth Blaise habitait à Tapoekoe, un village kali’na situé à proximité d’Albina. Aujourd’hui encore, elle se rappelle : « la journée on entendait le bruit des fusils et des canons. On voyait même les flammes. La nuit les combattants busi nenge venaient dans le village et nous disaient de ne pas sortir. Un jour Daniel William, le chef coutumier de Yalimapo, est venu chercher la famille de sa femme. Il nous a proposé de venir. Je ne voulais pas, mais mon mari a insisté pour que l’on se mette en sécurité. On a pris juste des linges et des papiers. On devait partir un moment et puis revenir. Mon mari lui est resté. Mais après un mois c’est devenu trop dangereux et il nous a rejoints à Yalimapo ».
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