La région du Maroni fut longtemps en marge des colonisations européennes. Au moment où l’Administration Pénitentiaire s’y installait, elle était peuplée de groupes sociaux résistants au colonialisme, Amérindiens et Marrons. Ceux-ci considéraient le Maroni et ses affluents comme étant “leur “ espace de vie, et non celui des Bakaa (Occidentaux en langue bushinenge).

L’installation du bagne n’a pas interrompu les dynamiques transfrontalières pratiquées par ces groupes. Au contraire, la ruée vers l’or des Antillais et Français vers le Haut-Maroni, à partir des années 1880, a fait de Saint-Laurent-du-Maroni un pivot des échanges commerciaux. La commune pénitentiaire n’était aux yeux de ces populations qu’un « trou noir, un toufé yen yen », selon un orpailleur sainte-lucien interviewé par Michèle Baj-Strobel. Ce lieu était à éviter parce que « les Blancs s’y mangeaient entre eux », comme le formule un témoin amérindien. Par contraste, le dégrad Mineurs, comme on appelait alors l’embarcadère du village chinois, était un haut lieu de ces échanges.
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