Sinnamary et Iracoubo ne sont pas, aujourd’hui, des communes réputées pour leurs plages. Sans les bateaux de pêche amarrés sur le Sinnamary et l’Iracoubo, on y oublierait même la présence de la mer. Pourtant, jusque dans les années 1940, avant l’installation de la mangrove qui a rendu la mer invisible, une immense plage s’étendait de Kourou à Organabo, et jouait un rôle important dans la vie des populations de la région. 

Raphaël Létard, né en 1936 et ayant grandi à la Pointe Brigandin, à Sinnamary, décrit le littoral avec lyrisme : « Pendant de longues années, cette région de savanes bordées de plages ventilées a été un véritable don de la nature tropicale. Les habitants de l’époque en ont bien profité. Certains passaient leurs nuits à même le sable tiède, tapis derrière une souche laissée par la mer, pour se protéger des alizés. Les pêches étaient miraculeuses. Tous les oiseaux migrateurs du monde passaient par là. Ils séjournaient, nidifiaient […] Les grosses tortues de mer, kaouannes (tortues luth), tortillons, carrettes bleues ou grises, venaient par centaines labourer les dunes de sable de la plage. Comme c’est le cas, maintenant, sur la plage des Hattes et d’Awala, mais à une échelle dix fois plus grande. »
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