Village autochtone dans la grande forêt boréale québécoise, sur les bords de la rivière St Maurice, Wemotaci pourrait être le double nordique d’un village amérindien guyanais. Les Atikamekw qui y vivent ont d’ailleurs reçu à plusieurs reprises des guyanais d’origine amérindienne, et certains d’entre eux ont même fait le voyage jusqu’en Guyane. Francophones, mais parlant leur propre langue, les Atikamekw, le peuple de l’écorce, vivent à quelques centaines de kilomètres de Montréal de la grande ville de Montréal, et connaissent des problèmes similaires à ceux de la Guyane : négociation avec l’état et avec les multinationales, le défi de préservation culturelle, le chômage et la cohabitation de leurs valeurs avec celles de la société canadienne.

Au coeur de la forêt boréale

Le territoire Atikamekw se situe dans la haute Mauricie, une zone de vallées et de collines située le long de la rivière St-Maurice. La forêt de feuillus et ses incroyables variations de couleurs automnales, d’orange, de vert tendre ou sombre, laisse progressivement place à la forêt de conifères, la forêt boréale québécoise, alors que l’on quitte la large route bitumée de la Tuque pour une piste forestière. Une fois évités les immenses camions grumiers roulant à tombeau ouvert, c’est le royaume des castors, des orignaux, mais aussi des ours noirs et des loups. Durant ce mois d’octobre, on entend aussi au loin les outardes, de passage lors de leur long périple vers le sud.
Avant 1995, seul le train permettait d’accéder à cette région et plus spécifiquement au village de Wemotaci. Un train de marchandises et de voyageurs a été construit pour la colonisation du grand Nord-Québec. Si la ligne de chemin de fer de Canadien National (CN) continue à passer tout près du village tous les deux jours, sans s’y arrêter car il n’y a pas de gare (il s’arrête à la demande), et la plupart des habitants préférant aujourd’hui la voiture.

Cohabitation avec les compagnies forestières
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