Battue par la pluie au plus fort de la saison, roussie à 70°C sous le soleil au zénith, la savane-roche Virgine héberge un biotope unique. Cette île rocheuse qui émerge du massif forestier de Régina est un régal pour les botanistes et les visiteurs. Ce milieu fragilisé par l’Homme met aussi en garde sur les méfaits du tourisme non encadré.

La savane-roche Virginie est un petit bijou, comme savent si bien façonner la nature et le temps. Seul inselberg directement accessible par le littoral, ce dôme granitique qui émerge d’entre les arbres est devenu au fil des années un site particulièrement fréquenté. 7 000 visiteurs s’y pressent chaque année selon les compteurs de l’office national des forêts (ONF). On y vient à pied et pourquoi pas en pirogue, pour apprécier le beauté scénique rare d’une canopée figée, à perte de vue, que troublent entre chiens et loups, les cris des singes hurleurs.
Bien qu’elle soit remarquable de loin, puisqu’elle culmine à 137 m, quasiment dénudée, dans le massif relativement contenu de l’Approuague, la belle était confidentielle il y a encore 20 ans. «C’était le début des années 1990, et j’ai entendu pour la première fois parler d’une savane-roche cachée au sud-ouest de Régina. J’ai essayé plusieurs fois de trouver cet endroit, par la rivière Mataroni, et ensuite, en marchant beaucoup d’heures, de jours, en forêt », se souvient le naturaliste Joep Moonen, dont le nom est associé au site, puisqu’il en fut le révélateur aux yeux du grand public, et qu’il y mena de nombreux inventaires floristiques. D’ailleurs plusieurs espèces découvertes sur le plateau granitique ou dans la savane-roche portent son nom.
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