Dans les écoles, sur les rives ou en mer, les équipes du Parc Naturel Marin de Mayotte (PNMM) sont sur tous les fronts pour œuvrer à la préservation de l’exceptionnel lagon mahorais. Une mission qui prend souvent des allures de sacerdoce tant les défis sont grands et les freins nombreux.

“Bonjour messieurs, c’est le parc marin”. Dans les eaux turquoise du lagon mahorais, la vedette en aluminium du PNMM aborde une pirogue à balancier. À bord de la frêle embarcation, les deux hommes obtempèrent sans mot dire. Il faut dire que les près de 12 mètres de métal de l’Utunda (surveiller en shimaoré) ont de quoi impressionner assis au ras de l’eau. Mais que soient rassurés les deux pêcheurs, il s’agit bien du Parc marin et non de la gendarmerie maritime malgré le bandeau tricolore bardant la coque grise, leur rappelle un agent en shimaoré. “Ils savent que nous ne sommes pas là pour les dénoncer à la Police aux frontières (PAF), même si on devrait le faire en principe, on ne peut pas rentrer là-dedans, sauf en cas d’infractions graves et répétées”, indiquera plus tard une inspectrice de l’environnement, en détachement de la police nationale auprès du parc. “Notre objectif est avant tout de faire respecter la réglementation sur la pêche. Dans un contexte de survie et d’absence de connaissances des normes et de la fragilité de la biodiversité, il nous faut être subtils avec les gens que nous rencontrons, privilégier la pédagogie”, précisera encore l’inspectrice.
Ce qui n’empêche pas de faire preuve d’une certaine fermeté. Priés de monter à bord de l’Utunda, les deux pêcheurs cumulent les mauvais points. La pirogue navigue trop loin des côtes, la pêche qu’elle contient est en partie interdite et surtout, elle se fait au fusil, sans permis. Alors, assis sur un strapontin de la cabine, le propriétaire de l’arbalète aura beau protester mollement, dire qu’il ne savait pas, présenter la facture de 200 euros et répéter de quel montant colossal il s’agit pour lui, rien n’y fait : son bien est saisi et sera transmis au tribunal judiciaire de Mamoudzou. Les poissons sont quant à eux rendus à l’océan. Le tout après un rappel des différentes règles et la remise d’une brochure en deux langues. “Chaque cas est différent, il s’agit toujours de trouver le bon équilibre… Mais bon là ils cumulaient, on ne pouvait pas ne rien faire !”, lâche cheveux aux vents la policière alors que l’Utunda a remis ses 2×250 chevaux en marche pour poursuivre sa journée de contrôle des pêches.

Juguler la pression anthropique
Suite réservée aux abonnés…