Dans le film Une Vérité qui Dérange, Al Gore  nous alerte sur les changements climatiques et leurs conséquences directes pour les hommes. L’augmentation des températures est en route et elle va conduire à une fonte des glaces, donc à une montée du niveau des océans… Mauvais temps pour les ours polaires et les atolls du Pacifique. Mais les forêts tropicales, qui rassemblent les deux tiers de la biodiversité et dont dépendent un milliard d’humains, sont passées sous silence. Fort dommage : les forêts sont un rempart naturel aux changements climatiques car elles ont une grande capacité à stocker du carbone. Que savons-nous vraiment du futur de l’Amazonie ? Le climat de Guyane peut-il vraiment se dérégler ? Et que se passerait-il alors ?

Un article publié dans Le Monde en 2003 était titré « Forêts tropicales : c’est fichu »1. Il prédisait la destruction totale des forêts tropicales  en moins de cent ans. C’est un fait, le tiers de la superficie potentielle des forêts tropicales a déjà disparu2. La conversion des terres pour l’agriculture intensive reste perçue comme le danger principal qui guette ces forêts, leur conservation a donc concentré l’essentiel des efforts. En témoignent les pressions législatives autour de la réforme du Code Forestier brésilien, qui était encore en examen par le Congrès du Brésil début juin 2012. Cependant, même si la déforestation continue (à une moyenne de 0,5% par an), la plupart des études récentes démontre un ralentissement de cette déforestation dans les tropiques. Avec l’exode rural, on devrait aller vers une diminution de la pression humaine sur les forêts tropicales et voir le couvert forestier3 passer de 65% à environ 50% à l’horizon 2050. Autrement dit, les forêts tropicales continueront à être coupées mais il en restera beaucoup dans cent ans. Un enjeu crucial de conservation est de savoir si ces forêts seront non perturbées et si elles pourront assurer leur rôle de havre de biodiversité et de puits de carbone. Pour répondre à cet enjeu, il faut intégrer des risques nouveaux, plus insidieux (car moins visibles) que les bulldozers et les tronçonneuses.

Augmentation de la température entre 1900 et 2100 sur la région amazonienne. Les incertitudes varient entre +1,7°C et +5,5°C en fonction du modèle et du scénario socio-économique choisi. Les valeurs en rose représentent les erreurs sur les mesures entre 1900 et 2000. Tiré du rapport du GIEC (2007).

L’utilisation croissante du charbon, du pétrole et du gaz naturel par les hommes a pour conséquence une augmentation de la concentration en gaz à “ effet de serre ” dans l’atmosphère, comme le CO² (dioxyde de carbone). Les molécules de CO² contenues dans l’atmosphère stockent la chaleur émise par la Terre et l’empêchent ainsi de se refroidir. Ce phénomène n’est pas nouveau : il a été décrit par le chimiste suédois Svante Arrhenius en… 1896.
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