À l’aube des 40 ans de suivi des tortues marines en Guyane et alors qu’un plan national d’actions en leur faveur vient d’être validé, pour la période 2014-2023, le combat de la conservation est-il bientôt gagné ? 

Les tortues marines et la Guyane, c’est une histoire qui semble s’inscrire dans la durée. C’est que, depuis la mise en évidence de sites de pontes d’importance mondiale sur les plages de l’Amana dans les années 1970, puis sur l’île de Cayenne à la fin des années 1990, les tortues marines ont focalisé l’attention de nombreux scientifiques, d’associations et des pouvoirs publics. Mais, dès les premières campagnes de suivi, des pontes jusqu’à la récente validation d’un plan national d’action, de nombreuses actions de conservation ont été menées, alimentées par des découvertes scientifiques au cours de la dernière décennie. Cela semblerait avoir, dans une certaine mesure, bénéficié aux premières intéressées : les tortues marines.

Les tortues marines, une cause guyanaise ?

Le WWF, acteur historique de la conservation des tortues marines en Guyane depuis les années 1970, dresse un bilan plutôt positif quant à la préservation de ces reptiles marins et leur prise en compte à différents niveaux de la société guyanaise. Pour Laurent Kelle, responsable du bureau Guyane du WWF, il est bon de regarder dans le rétroviseur pour mesurer le chemin parcouru. « Il y a aujourd’hui une réelle dynamique autour de la conservation des tortues marines, notamment entre les services de l’État. C’est un paramètre essentiel sur certains dossiers comme la lutte contre la pêche illégale, qui représente un des moyens les plus sûrs et les plus attendus pour préserver ces espèces ». L’élaboration du Plan national d’action a constitué un bon indicateur de mobilisation : « Des professionnels et des collectivités locales s’impliquent. C’est très positif et permet de gagner en efficacité sur le terrain. On peut citer en exemple l’implication de la Communauté d’agglomération pour la réduction de la prédation canine sur les plages de l’île de Cayenne ou bien du Conseil général sur la question de la pollution lumineuse aux abords des sites de ponte, pour ne citer qu’eux ». Bien d’autres initiatives ont vu le jour, par exemple la “ journée des tortues marines ”, organisée conjointement par la mairie de Cayenne et l’association locale Kwata. Laurent Kelle met cependant un bémol sur la mobilisation de la population locale au sens large : « Sur Awala-Yalimapo par exemple, le rôle des habitants, via les associations locales, est moins important qu’avant. C’est dommage quand on connaît les savoirs locaux sur les tortues marines. La préservation de ces espèces emblématiques doit devenir une grande cause de mobilisation guyanaise, par les Guyanais ».

Une amélioration de situation pour la tortue luth
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